« Une voix… une histoire » : Lecture immersive afro-caraïbéenne
Ce jeudi 14 avril, la librairie Calypso a ouvert ses portes pour une toute première lecture immersive. Femmes au pluriel s’est glissé parmi les participants pour découvrir ce nouveau genre littéraire proposé par « Une voix… une histoire, la maison d’édition de livre audio made in Caraïbes. »
« Une histoire débarque à Paris » comme inscrit dans la présentation de l’évènement sur le site de la librairie Calypso. Et pour de vrai. C’est depuis la Guadeloupe que Manick Siar-Titeca, la présidente et fondatrice de la première maison d’édition de livre audio de la Caraïbes, Une voix… une histoire, est venue. Pour cet événement, son équipe a posé ces audios dans le 11ème arrondissement, à la librairie Calypso.
Une audiothèque caraïbéenne
Derrière la devanture peinte en noir, une porte vitrée fait pénétrer dans l’antre de la librairie des Outre-Mer et des Caraïbes. Des murs colorés égayent la pièce sobrement décorée. Raphaël Confiant, Frantz Fanon, Léonora Miano, Angela Davis, Christophe Léon, Jean-Rony Leriche, Léon Gontran Damas et tant d’autres sont les trésors littéraires exposés. Le soleil s’est montré en ce jeudi du mois d’avril. Une voix… une histoire a pris place dans cette librairie indépendante de l’hexagone pour une lecture immersive d’auteurs caraïbéens.
Cette maison d’édition 100% caraïbéenne est née d’une étude de 2016 sur les habitudes de lecture sur les territoires Guadeloupe, Martinique et Guyane. Ce projet a débouché sur « un constat clair: un fort taux d’illettrisme sur le territoire et une méconnaissance des auteurs caraïbéens » rapporte Manick Siar-Titeca, psychologue de formation dans l’éducation nationale. Une pierre, deux coups, elle souhaite également sensibiliser la jeunesse afro-caraïbéenne et les autres publics à la littérature d’outre-mer.
Elle a fait le pari de racheter toutes les cessions de droit pour pouvoir les mettre en voix. Il y a beaucoup d’auteurs des territoires d’Outre-mer qui ne sont pas tombés dans le domaine public. « En plus, on était les seuls à ne pas être sur la toile » souligne-t-elle. De là, a éclos Une voix… une histoire. Et ce n’est que le début de l’histoire.
« On peut lire en écoutant »
Enfants, adolescents, séniors et mamans arrivent les yeux pleins de curiosités au 17 bis avenue Parmentier. Les participants s’installent sur des chaises éparpillées dans la librairie. Des casques sont distribués à l’auditoire. Il est 19h passé. Je trépigne de vivre cette « expérience unique » que promet Khamal Mamah-Djiman, le président de l’association Ono Äsopo (ndlr, lien en Yoruba). Elle accompagne depuis quelques temps Une voix… une histoire vers des horizons littéraires tournés vers l’Afrique.
Les lumières sont tamisées. Un « bien bonsoir », un bonsoir joyeux, ouvre le bal littéraire.
Casque sur les oreilles, nous plongeons dans l’univers du livre porté par la voix d’Ingrid, l’une des narratrices du jour. Un extrait du livre Le vieil arbre de Nadine Cornelie est raconté. De sa voix envoûtante, elle nous transporte. Et nous voyageons pour ensuite atterrir au pays des contes avec Kimani et la fée clindindin (ndlr, la fée luciole) de Nadine Cornelie. L’immersion est totale. L’imaginaire est à son paroxysme. Dans un calme et une écoute attentive, l’ambiance est à la rêverie. Point de bruit. Que la voix de la narratrice et les mots de l’auteur. La fiction prend le dessus. « C’est vachement expressif et c’est différent de lire » raconte Fanny, émerveillée. Cette trentenaire est venue tenter l’expérience de la lecture immersive. L’assemblée est transportée. D’autant plus que le monologue du gwopwel (ndlr, chagrin d’amour) de Fabrice Makandja Théodose est accompagné d’un habillage sonore qui plonge dans un réalisme. Au point d’être porté dans l’univers sombre du chagrin d’amour du personnage principal.
Pour finir sur une douceur aux accents d’ailleurs. L’extrait d’un poème de Didier Mannette tiré du livre Ti mo a lanmou (ndlr, un mot d’amour) chante des mots doux en créole. Cette lecture à voix haute est un moment de tendresse aux sonorités créoles. Pour Roger qui n’est pas un lecteur, « c’est une belle expérience qui sera à renouveler. Je découvre qu’on peut lire en écoutant » se surprend le soixantenaine, nouvellement auditeur. Cette expérience sensorielle unique évoque « l’oralité. Le berceau de la transmission noire » conclut Manick Siar-Titeca.
Siar-Titeca
Merci pour ce bel article qui retranscrit bien ce qui s’est passé et le travail fait.
Merci Merci Beaucoup.