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4 femmes Guides de Haute montagne aux sommets…

Martine Rolland est la première femme à décrocher le diplôme de guide en 1983. Aujourd’hui elles sont 33 femmes, dont 8 aspirantes guides et 25 guides diplômées.
En 1979, Martine Rolland passe les premières épreuves devant 250 collègues masculins, circonspects qui parient pour « les trois quarts sur son échec ». « Je portais atteinte à leur ego en dévalorisant l’image du guide héroïque… », confie-t-elle.

Tout début septembre 2017, une petite révolution s’est emparée de l’ENSA (École Nationale de Ski et d’Alpinisme) de Chamonix, lors de la remise des médailles de la promotion 2017. Parmi les 50 nouveaux guides à avoir été reçus, six sont des femmes devenues professionnelles de haute montagne. Du jamais vu !

Diplôme en poche, Lise Billon, Vérane Bonneuil, Marine Clarys, Fleur Fouque, Fanny Schmutz et Julia Virat confirment l’évolution des mentalités mais aussi d’une formation qui permet aux femmes de trouver leur voie et de développer des qualités indispensables pour le métier de guide.

Elles seront toutes les six présentes lors du rassemblement national des guides à Tignes, du 7 au 10 décembre, pour la cérémonie dédiée à la nouvelle promotion.

2016_AG-Chamonix_LBG @BRETTE Guillaume
2016_AG-Chamonix_LBG @BRETTE Guillaume

Venant de tous les horizons, avec des motivations différentes, les femmes guides se font petit à petit leur place et participent activement à cette évolution. Découvrez le parcours étonnant de quatre d’entre elles.

 

guides de haute montagne

Julia Virat.

«Bref. Je suis devenue Guide ». C’est ainsi que Julia, l’une des six femmes de la promotion 2017, présente l’obtention à 35 ans de son diplôme sur son blog. « Il n’est pas facile de trouver les mots pour résumer cette aventure, l’une des plus grandes de ma vie… Ce sont beaucoup d’émotions mélangées, beaucoup de souvenirs, beaucoup de personnes qui m’ont accompagnée le long de ce chemin…
{…} Ça ne ressemble pas tout à fait à ce que j’avais imaginé : il n’est pas facile de réaliser tout cela immédiatement, et il y a beaucoup de fatigue et d’émotions qui se mélangent.
Je remercie aussi tous les guides qui m’ont accueillie dans la profession.
Il n’est pas facile de se retrouver seule face à un métier et un environnement si complexes, et cette fraternité donne des ailes. Vous aussi, vous avez cru en moi immédiatement et vous m’avez transmis votre expérience de manière généreuse et délicate. Je garde aussi un souvenir ému de la relation que j’ai pu avoir avec certains professeurs de l’ENSA. J’ai conscience, messieurs, qu’il n’est pas simple de comprendre et d’intégrer une vision féminine du métier, du monde et de notre relation aux autres.
Pour ma part, il n’a jamais été possible de fonctionner sans mes émotions et je remercie sincèrement ceux qui m’ont permis d’exprimer cela et qui n’ont jamais douté de la cohabitation possible entre cette sensibilité et l’aptitude professionnelle. »

Installée à Briançon après le bac pour assouvir sa passion pour le snowboard (pratiqué en compétition), Julia arrive à Chamonix en 2014. Accompagnatrice en montagne, elle aime déjà ce premier métier qui lui permet de partager avec ses clients sa passion pour les belles montagnes.

Elle découvre l’alpinisme et intègre l’équipe féminine de la FFME (ENAF) en 2009. « Une belle opportunité de pratiquer la montagne entre femmes » confie-t-elle.
 Aspirant-guide depuis trois ans, le diplôme de guide en poche depuis septembre 2017 avec cinq compagnes, elle confirme accorder une importance particulière aux relations humaines et aux moments partagés en montagne. « Pour moi, l’objectif technique n’est qu’un prétexte au partage et au plaisir d’être ensemble dans un décor grandiose.
 Je co-encadre avec Marion Poitevin le Groupe d’Alpinisme Féminin 74 (CAF) et j’encadre aussi l’Équipe Départementale d’Alpinisme Féminin 05 (FFME), une belle manière de transmettre ma passion à des jeunes femmes assoiffées d’apprentissage et d’aventures féminines. » Des aventures qu’elle conjugue à tous les temps : « J’ai toujours aimé les voyages. J’ai pu ainsi, entre les saisons d’accompagnatrice, partir aux quatre coins du monde, avec toujours un objectif sportif (alpinisme, escalade, ski, cascade de glace…).
J’ai surtout une addiction farouche pour l’escalade en fissures aux États-Unis. 
J’ai fait de nombreux big walls au Yosemite et depuis deux ans je parcours même ces murs en solo, accrochée pendant des jours et des nuits à la paroi. »

 

Marion, face Nord des Grandes Jorasses
Marion, face Nord des Grandes Jorasses

Marion Poitevin.

À 32 ans, cette femme guide haute montagne, monitrice d’escalade, monitrice de ski stagiaire cumule les premières : 1ère femme et seule femme au GMHM (Groupe Militaire de Haute Montagne), 1ère et unique instructrice à l’EMHM (École Militaire de Haute Montagne), 1ère femme dans les CRS de montagne et actuellement formatrice au CNEAS de Chamonix (Centre National d’Entraînement à l’Alpinisme et au Ski) qui forme les CRS de montagne… Et en plus elle est titulaire d’une licence LEA anglais-allemand !
Un parcours exceptionnel pour cette femme qui vit la montagne avec passion. Elle signe de très beaux exploits attestant de son haut niveau en alpinisme : le Mukut Parbat, 7 150 m en Himalaya ; 30 jours de ski de pente raide en autonomie sur l’île de Baffin en compagnie de trois autres amies (“Panik à Baffin”) ; l’ascension de Zodiac, un big wall de 600 m au Yosemite, avec Vanessa François, grimpeuse paraplégique ; l’ascension du mont Vinson, 4 892m, plus haute montagne d’Antarctique…

En parallèle, elle encadre le Groupe Alpinisme Féminin et le GFHM Groupe Féminin Haute Montagne. Elle participe à l’association « Girls To The Top »  et comme pour confirmer sa motivation Marion s’investit avec un nouveau club sportif FFCAM appelé « Lead the Climb » qui propose des « stages de formation au leadership et à l’autonomie dans les sports de montagne entre femmes, dans un premier temps, et mixtes, dans un deuxième temps. Des stages francophones et anglophones afin d’échanger à l’international ». www.leadtheclimb.com 
En octobre 2017, déjà 60 femmes sont intéressées. « Les femmes ont de plus en plus envie d’investir le milieu montagne, j’ai envie de les y aider ».

 

guides de haute montagne

Élodie Le Comte.

À 38 ans Élodie est guide depuis deux ans à Chamonix et est arrivée là un peu par hasard ! Enfant, elle était plutôt « mer ». Ses parents, installés dans un petit village près de Genève, avaient construit un voilier et la famille naviguait beaucoup. Une fois le bac en poche, lors d’un voyage, en solitaire et au long cours, elle fait ses premières ascensions en Terre de feu. Et y prend goût… « J’ai eu une pratique amateur durant dix ans tout en continuant mes études universitaires en histoire : j’étais spécialisée dans l’histoire culturelle des Alpes. »
Son mémoire de master aboutit à la publication en 2008 d’un livre sur l’histoire de l’alpinisme à Genève. Elle travaille ensuite durant sept ans comme enseignant-chercheur à l’université de Lausanne, Genève, Zurich. « C’était parfait, je faisais mes recherches quand la météo était maussade et je filais grimper dès qu’il faisait beau… ». Elle passe le diplôme d’accompagnatrice de moyenne montagne et avec son compagnon, lui aussi guide, elle fait des courses de plus en plus soutenues. Le hasard (ou la destinée ?) veut qu’Élodie valide le probatoire au moment même où ses mandats de recherche se terminent, en 2012. Elle obtient son diplôme en 2015. Élodie Le Comte s’étonne presque quand on lui demande si être une femme complique l’exercice du métier : « Je ne me revendique pas comme femme-guide. En montagne, je ne me suis jamais mis de barrière et j’ai toujours pratiqué avec des compagnons de cordée masculins. Je me suis vraiment intégrée dans ce milieu comme un poisson dans l’eau ».
Il n’est pas rare en revanche que des clients lui demandent si elle sera vraiment capable de les retenir en cas de glissade ou de chute. « Je prends ça comme une boutade. Il faut dire que je mesure 1,58 m pour 47 kg, je n’incarne pas vraiment la figure classique du guide, grand et fort, s’amuse-t-elle. Je leur explique que ce n’est pas une question de force mais plutôt de stratégie. Une fois sur le terrain, ils se rendent vite compte qu’il n’y a pas de souci. »
Elle travaille avec le bureau des guides Expérience à Chamonix et a même l’impression qu’« être une femme peut être un atout auprès des agences, il y a une vraie demande des clients ».

 

Devant Cervin - Nathalie Hagenmuller marraine promotion 2016 guides haute montagne
Devant Cervin – Nathalie Hagenmuller marraine promotion 2016 guides haute montagne

Nathalie Hagenmuller.

Quatrième femme diplômée (dans l’ordre Martine Rolland, Sylviane Tavernier, Françoise Aubert) à un peu plus de 50 ans, Nathalie, professeur d’EPS, a toujours partagé son temps entre ses élèves, ses clients et ses passions pour la danse, la lecture et les expositions ! Marraine de la promotion 2016 des jeunes guides diplômés, elle a mis en mots son expérience et sa vision du métier de guide, où elle puise son énergie dans les relations humaines. Au-delà du savoir-faire elle insiste sur le savoir être du guide : « De la passion, de l’enthousiasme… les clients auront besoin de votre énergie dès le matin et jusqu’au retour. {…} De la patience et encore de la patience, beaucoup de patience… car guider c’est être le passeur pour des découvertes pas toujours faciles à transmettre, comme la valeur de l’effort {…} et de l’éthique avec l’amour du travail bien fait {…} pour allumer des étoiles dans les yeux de vos clients ».

 

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Credits photos : ©P.Arpin – SNGM

 

Chamonix, ENSA, Guides de montagne, Martine Rolland


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FP

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