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Entre valeurs et autocensure…

HummmmmmEntre valeurs et autocensure

Parfois, dans la vie, au détour d’une conversation, on se lance dans de grands questionnements philosophiques, entre soi et soi ou entre amis. De nos jours, pour peu qu’on s’intéresse un peu au développement personnel et qu’on soit sur les réseaux sociaux, on se retrouve vite noyé au milieu de citations toutes plus belles, brillantes, pertinentes les unes que les autres. Notre esprit, alors stimulé par ce défi, se met aussitôt en mode philosophe et fait appel aux plus grands d’entre eux (Du moins les plus connus) pour démêler cet écheveau de questionnements. C’est alors avec bonheur qu’on aligne arguments et contre arguments pour étayer notre réflexion et qu’on conclue avec la thèse d’un dernier grand penseur qui aura probablement réconcilié les uns et les autres dans une ultime synthèse qu’on posera sur papier, si on est seul, ou au creux des oreilles de notre interlocuteur si on est dans une discussion de groupe.

Et puis, d’autres fois, la question philosophique se pose à vous tout bêtement dans la vraie vie. Au milieu d’un repas de pâtes ou pendant vos courses au supermarché. Une question se pose, là, qui a un rapport immédiat avec votre banal quotidien, et vous devez en analyser les tenants et aboutissants, immédiatement, concrètement sous peine d’être tenu à l’inaction.

En fait la définition la plus banale de la philosophie, c’est être face à une question et ne pas avoir la réponse immédiate. Tout simplement.

C’est exactement ce qui m’est arrivé il y a quelques jours !

D’abord, la genèse de mon histoire : Il y a deux ans, j’ai entamé l’écriture d’un roman ; Comme toujours, dans un grand élan créateur et l’enthousiasme chevillé au corps ! Et puis, au bout de quelques semaines, une autre idée de roman a supplanté la première ! Je n’applique pas toujours mes propres conseils, aussi, ais-je accordé la priorité à la seconde idée et différé la suite de l’écriture du premier roman. Je précise à tous ceux qui suivent mes conseils d’écriture que, si je me permets ce contresens, c’est parce que j’ai la certitude que je pourrai reprendre le fil de mon inspiration au moment voulu.

Deux ans plus tard donc, me voilà prête à terminer ce premier roman, sauf que, dès la première relecture de mon début d’histoire, j’ai senti qu’il y avait un hic ! Un gros hic ! Je n’étais plus alignée avec mes écrits. Dans ma vie personnelle et surtout spirituellementj’ai beaucoup évolué. Certaines des valeurs qui sont les miennes aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’auparavant. Le socle de pensée de mon personnage principal aujourd’hui me hérisse ! Ses manières m’agacent. Je sens que je l’aime moins, que j’ai moins d’empathie pour elle. Or, nos personnages, pour les réussir, même s’ils sont à l’opposé de nous, nous devons les aimer et les comprendre pour en faire des personnages consistants et les habiller d’émotions, vecteurs essentiels entre eux et nos futurs lecteurs.

Je me suis donc retrouvée bloquée. La voie que j’avais prévue de suivre avec ce personnage était toujours ouverte, mais c’est moi qui, maintenant, me fermait à elle. La question s’est donc rapidement posée à moi du choix à faire :

  • 1 Me forcer à poursuivre l’histoire initiale, qui se tenait, avec une intrigue selon moi palpitante, et qui avait en elle un potentiel immense, mais ce faisant, faire une croix sur certaines des valeurs qui aujourd’hui m’étaient chères et prendre un plaisir moyen à l’écriture ?
  • 2 Transformer mon personnage et donc mon histoire pour les faire coller à mon moi actuel et, d’une certaine manière, m’autocensurer, policer le livre au risque de le rendre insipide ?
  • 3 Renoncer à l’écriture de ce livre et stopper là, tout questionnement ? Mais alors, ces interrogations ne risquent-t-elles pas de surgir à nouveau, au milieu d’un autre roman ? Après tout, nous sommes en constante évolution et nos écrits aussi.

Pour avoir un début de réponse, j’ai pensé à mes premiers romans et notamment au tout premier. L’aurais-je écrit de la même manière aujourd’hui ? Certainement pas ! Pour tout vous dire, j’avais même eu l’idée, l’année dernière, de le réécrire entièrement tellement je le trouvais plein de défauts ! Et puis, j’y ai renoncé, pour permettre à d’autres aspirants auteurs de faire le constat de ses nombreuses malfaçons et de se rassurer ! Le message étant : l’important est de se lancer, l’imperfection est la règle du débutant.

Mais en revanche, si la forme ne me convenait plus, le fond est resté conforme à mes idées et valeurs actuelles. 

Or, pour le roman qui a suscité ces réflexions, la problématique était différente. Lorsqu’on est auteur, qu’on le veuille ou non, nos écrits divulguent nos valeurs ! Même lorsque nous décrivons un personnage exécrable, son comportement est atténué par une justification puisant son essence dans son histoire personnelle ou par un acte de rédemption final ! Or, là, je savais que j’aurais du mal à trouver à mon personnage des excuses plausibles ! J’ai donc interrompu (temporairement j’espère) mon récit et décidé de partager avec vous mon tourment d’auteure. Qu’auriez-vous fait, vous, à ma place ? J’ai hâte d’avoir vos retours.

Billet d’humeur, Corine Dossa, Développement personnel, Écriture

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