Ethiopie : Le combat vers l’égalité homme/femme
Connu pour sa gastronomie riche mais aussi pour ses femmes à la beauté atypique, l’Ethiopie est l’un des pays d’Afrique les plus peuplés. C’est également le pays dont les coutumes et traditions sont les plus ancrées. De ce fait, l’effort des politiques se heurte à des croyances anciennes très fortes. Récemment, le gouvernement éthiopien a nommé des femmes à des positions stratégiques afin de mieux faire entendre leur voix et de faire valoir leurs droits.
Au pays de la Reine de Saba, il est encore fréquent, en 2020, de voir des filles de douze ans données en mariage forcé. L’Ethiopie compte aussi l’un des taux les plus élevés d’excision en Afrique. Un véritable paradoxe, puisque la législation éthiopienne condamne toutes ces pratiques et accorde de nombreux droits aux femmes. Cette situation est d’ailleurs dénoncée sur la chaine France 24 par Sehin Teferra, l’une des activistes féministes les plus engagées du pays : « Nos lois sont plutôt libérales. C’est facile de divorcer, la prostitution est légale. Mais quand on en vient à la pratique, l’Ethiopie est systématiquement en bas des classements d’égalité des genres. La violence liée aux traditions est un autre grand défi pour le gouvernement. Nous avons des taux de violence très élevés à la fois dans les zones urbaines et rurales. Les mutilations génitales féminines persistent. Ainsi que le Telefa qui est le fait d’enlever des jeunes filles pour les forcer à se marier. Cette pratique est illégale mais demeure très difficile à contrôler ».
Pour expliquer ce retard dans l’égalité des genres, la fondatrice du mouvement féministe Setaweet explique la difficulté de faire évoluer les mentalités par le fait que « l’Ethiopie est une société profondément patriarcale. Le pays est considéré comme l’un des plus religieux au monde. L’Eglise orthodoxe éthiopienne a des valeurs très traditionnelles et l’Islam est pratiqué depuis le temps du Prophète… ».
Le fameux Telefa qui, heureusement tend à disparaitre, a fait l’objet d’un film réalisé par Angelina Jolie. « Difret » retrace l’histoire vraie d’une jeune fille de quatorze ans qui a assassiné son violeur. Mais grâce à l’engagement de son avocate, elle est disculpée. Cette avocate dans la vraie vie c’est Meaza Ashenafi, une militante des droits des femmes engagée depuis longtemps dans la lutte contre toutes les violences. Elle est à la tête de la Cour suprême éthiopienne depuis novembre 2018. C’est la première fois qu’une femme occupe ce poste. Ancienne juge à la Haute cour, cette avocate internationale a aussi participé à la rédaction de la constitution éthiopienne.
Elle n’est pas la seule femme à occuper un poste de haut rang dans les institutions éthiopiennes, car depuis octobre 2018, une femme a été élue présidente de la République. Il s’agit de Madame Sahle-Work Zewde. A l’instar de Meaza Ashenafi, la présidente éthiopienne est la première femme à occuper ce poste qui, il faut le rappeler, est purement honorifique. Mais le rôle et l’influence qu’elle peut avoir dans les instances de décision du pays ne sont pas à négliger. Déterminée à faire bouger les lignes à son niveau, la présidente a mis au centre de sa politique l’intégration et la prise en compte des femmes dans les projets de lois et dans l’économie.
Il faut reconnaitre qu’en dépit de l’activisme remarquable des militantes des droits de la femme, ces nominations successives de femmes à des postes stratégiques l’ont été aussi grâce à la volonté politique du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix. Il a mis en place un gouvernement paritaire avec dix hommes et dix femmes dont certaines occupent les ministères comme la Défense, du Commerce ou de l’Industrie.
Le gouvernement éthiopien a également établi un programme sur quatre ans pour éradiquer certaines pratiques dignes du Moyen-âge. Surtout dans les zones rurales. Et la sensibilisation est faite dès le bas âge dans les écoles primaires en partenariat avec des ONG. Le facteur économique est également pris en compte par le gouvernement qui vient en aide aux familles les plus démunies, parce que la pauvreté, on le sait, renforce certaines croyances. Des exemples de réussite féminine sont mis en avant pour encourager certaines familles à scolariser leurs filles.
En Éthiopie, il est de plus en plus courant de voir des femmes exercer des métiers qu’elles n’auraient pas imaginé faire dans le passé : médecins ou conductrices d’autobus par exemple.
Le combat pour l’égalité homme/femme viendra se rajouter aux nombreuses batailles qu’a connues le pays de la Reine de Saba. Grâce au long chemin parcouru, il n’est plus rare de voir des femmes à la tête des hautes instituions. Et cela donne espoir à ceux qui se battent pour l’émancipation féminine.
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