La fondation FITIMA, pionnière dans le domaine du handicap
Après un DEA en biochimie, la créatrice de la Fondation Internationale Tierno et Mariam, Hawa Dramé, se retrouve à des postes scientifiques auprès d’organismes dans la lutte contre les maladies rares. Elle poursuit sa carrière dans le domaine des enquêtes, essais cliniques ainsi que de l’industrie pharmaceutique avant de décider de rentrer en Afrique de l’Ouest. Là, elle décide de mettre ses compétences au service de l’humanitaire. Depuis 20 ans, elle oeuvre dans les domaines du handicap, de la santé, de la réhabilitation, de l’éducation inclusive et de la promotion des droits des femmes.
Présentez-nous votre fondation ?
J’ai créé la Fondation Internationale Tierno et Mariam (FITIMA) en 2003 pour faciliter l’accès des enfants souffrant de handicap. FITIMA prend en charge les personnes en situation d’handicaps moteurs et intellectuels. L’idée est d’apporter des soins de qualité tout en favorisant leur intégration dans la société par un encadrement socio-éducatif approprié. Dans cette action, nous voulons promouvoir « l’éducation pour tous » en développant l’éducation spécialisée et inclusive.
En 2010, après avoir constaté que la prise en charge des enfants dont les mamans avaient peu de revenus était plus difficile, FITIMA a commencé à participer activement à la promotion des droits des femmes en les formant sur leurs droits. Et en les soutenant dans leurs activités génératrices de revenus. Ainsi, notre institution les accompagne à une autonomisation. Nos activités de sensibilisation de la communauté et de formation de professionnels sont un autre volet de notre travail.
A ce jour, FITIMA compte quatre entités dans trois pays.
Hormis la volonté d’aider, quel a été l’élément déclencheur de ce projet ?
Entre autres éléments, il y a la volonté d’utiliser mes compétences acquises en Europe dans le domaine de la prise en charge de patients souffrant de pathologies dites « rares » ou « orphelines ». Il était important d’aider les populations vivant dans des pays africains où le système de santé est loin d’être performant.
Quelles sont les difficultés rencontrées et comment les surmontez-vous ?
Les pesanteurs socio-culturelles ont été de véritables obstacles au respect des droits des personnes vulnérables de la société. Notamment les enfants en situation de handicap et les femmes.
Pour faire bouger les lignes, j’ai dû trouver des solutions. Comme la mise en place d’activités de sensibilisation et de formation sur les droits des personnes en situation de handicap, des enfants et des femmes. Ces sensibilisations sont destinées aux bénéficiaires mais aussi aux acteurs. Cela a été complété par la mise en œuvre d’action de plaidoyers pour que les décideurs puissent changer de paradigme et prendre leurs responsabilités.
L’autre difficulté a été l’obtention de soutiens financiers locaux, nécessaires aux activités. Etant donné que les bénéficiaires sont souvent financièrement démunis dans des pays où la « sécurité sociale » est quasi absente, il a fallu trouver des solutions. Communiquer sur les activités et surtout sur les résultats obtenus, notamment les « success stories », a été l’un des moyens.
L’organisation de journées portes ouvertes a été également l’une des réponses apportées afin que nous puissions continuer à mener à bien nos activités. Cela montre à la communauté et aux partenaires, la nécessité de soutenir la fondation.
La mise en place de quelques activités génératrices de revenus pour augmenter l’autonomie de la fondation et le choix d’un système de parrainage des enfants pris en charge, ont été les autres options trouvées.
FITIMA a été confrontée aux problèmes des ressources humaines compétentes. Notamment dans les spécialités paramédicales (kinésithérapie, orthophonie, ergothérapie, psychomotricité etc…) et dans le domaine de l’éducation spécialisée. Face à ce problème, la fondation a opté pour une formation « in situ », sur le terrain, des jeunes recrutés sur leurs qualités humaines et leur potentiel, en mettant en place un système quasi permanent de renforcement de capacités. Nous avons également accueilli des Volontaires de Solidarité Internationale (VSI) et de bénévoles nationaux ou étrangers en privilégiant la coopération « Sud-Sud ».
Plus récemment, nous avons mis en place un Institut Supérieur de formation de thérapeutes.
Quelle est votre plus grande fierté ?
C’est d’avoir démontré qu’on peut créer une fondation qui œuvre dans un domaine qui est peu couvert. Et former des jeunes professionnels dans des métiers dont ils ignoraient l’existence est également une fierté. Et bien sûr, le fait d’avoir changé quotidiennement la vie de centaines d’enfants en situation de handicap depuis 20 ans est aussi l’une de mes plus grandes fiertés.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui voudrait se lancer dans l’humanitaire ?
Il faut faire preuve de souplesse et innover. S’adapter au contexte local est primordial. Et surtout, éviter de faire du « copié-collé » de stratégies ou de process qui marchent ailleurs. Il faut aussi être persévérant et savoir se remettre en question.
Toute la semaine FP rendra hommage à des femmes dirigeantes d’associations œuvrant sur le continent. Partagez et commentez !
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