Les miracles du quotidien
Hummmmm…..Les miracles…
Un jour, sortant de chez moi, j’aperçus le jardinier de mon voisin à l’œuvre. Etant polie et bien élevée par mes parents, je le saluai. Comme d’habitude. En fait, non. Pas comme d’habitude. Différemment, Ce jour-là. Il faisait particulièrement chaud. Je le félicitai pour son ardeur au travail et lui proposai une bouteille d’eau fraiche. Il déclina avec le sourire, me remerciant pour ma prévenance en me pointant du doigt sa bouteille d’eau, à peine entamée. Je lui souris, lui souhaitai bonne journée, démarrai ma voiture, et…au bout de même pas 50m, entendis un bruit pas très rassurant… Je sortis de la voiture, me dirigeai vers la roue arrière gauche d’où avait surgit le bruit et ne pus que constater les dégâts : elle était bien entaillée et totalement dégonflée. Je jetai un coup d’œil aux alentours et, avant même d’avoir pu me faire la réflexion que la rue était totalement désertée, je vis accourir vers moi mon sauveur : ce cher jardinier. Il avait à la main un cric, ainsi que 2 autres outils dont je serais bien incapable de définir l’utilité. Il m’affirma qu’à peine avais-je démarré, qu’il avait compris que je n’irais pas bien loin, et s’était muni de ses outils pour me venir en aide.
« Un vrai miracle » ! pensai-je. Je l’avoue, j’étais, et je suis toujours incapable de changer une roue de voiture, et, à part lui, il n’y avait personne ! Je remerciai mentalement mes parents pour m’avoir appris la politesse, me félicitai d’avoir été en plus, aimable, et fis un clin d’œil à l’ange, au-dessus de mon épaule pour avoir parfaitement assuré sa mission.
Ce jour-là, tout fut à l’avenant, comme si la moindre velléité de complication était aussitôt refoulée. Je rentrai à la maison, le soir, particulièrement heureuse, me rappelai les journées précédentes, réalisai que ce phénomène de mini-miracles était récurent, et décidai d’entamer l’écriture d’un livre dont le titre serait : « Un miracle par jour ».
L’objectif serait, pendant une année, soit 365 jours, d’être attentive à tous ces petits bonheurs qui auraient pu être inexistants, les noter, et prouver aux sceptiques que les mini prodiges traversaient nos vies en permanence, et qu’il suffisait d’y prêter attention pour les remarquer, être dans la gratitude, et multiplier, ce faisant, les divins moments de joie.
J’entamai la rédaction de ce livre avec enthousiasme. Chaque jour, pendant 50 jours, non seulement je n’avais aucun mal à identifier le miracle quotidien, mais le plus ardu fut plutôt d’en sélectionner un, car je m’étais donné pour règle d’en relater un unique!
Le 50è jour, je stoppai la rédaction de ce livre. Pourquoi ? Je vais vous le dire. Ce n’est absolument pas parce qu’il n’y avait plus de miracle dans ma vie, mais à cause d’une prise de conscience subite :
En coupant un concombre, je me fis une petite entaille à l’index. Une toute petite coupure, d’à peine 1cm. Ridicule, mais suffisamment handicapante pour m’empêcher de prendre ma douche normalement, boutonner mon chemisier, me coiffer, attraper mon chat qui me narguait, et autres petits gestes anodins.
Au moment où j’allais me mettre à pester « Eh ben, pas de miracle, aujourd’hui » ! je réalisai ceci : Alors même que je considérais cette minuscule coupure à l’index comme un inconvénient, à aucun moment auparavant je n’avais considéré le fait d’être exempte de la moindre égratignure comme un avantage ! Avons-nous un rhume ? Nous pestons parce que ce n’est pas normal ! La moindre imperfection nous horripile et nous ne remarquons que rarement le fait que cette formidable machine qu’est notre corps est un miracle permanent ! La plupart d’entre nous vivons dans des conditions qui, s’y elles s’offraient à d’autres, seraient miraculeuses ! Imaginez aller dans une famille très modeste d’un pays pauvre et lui faire installer eau courante et électricité : Ils vous remercieraient chaleureusement de ce miracle opéré dans leur vie ! Et nous, tranquilles, peinards, on trouve ça normal !
Je poursuivis ma réflexion dans ce sens quelques minutes et pris cette décision : Mon livre prendrait fin à la page 50. Je ne le poursuivrais pas car, pour vraiment incarner le message sous-tendu dans ce projet, au lieu d’en choisir un par jour, j’essaierais plutôt d’en identifier un maximum, chaque jour et d’en éprouver de la reconnaissance.
J’avais débuté ce livre et pris cette décision il y a 5 ans. Pourquoi ce souvenir a-t-il ressurgit aujourd’hui ? Pour une raison très simple. Je discutais avec une amie de mes galères avec ma voiture et mon mécanicien un tant soit peu incompétent, et elle me répondit ceci : « Pour avoir des problèmes de voiture, il FAUT avoir une voiture » ! (Elle se languissait d’en conduire). En effet ! Je fus aussitôt calmée ! Et je repensai à cet autre jour et à cet engagement, il y a 5 ans….
Et vous ? Si je vous demande là, maintenant, tout de suite, le nombre de miracles quotidiens qui vous assaillent, en auriez-vous plusieurs à me relater ? Si oui, lesquels ?
Vos commentaires en dessous de cet article seront les bienvenus.