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Mariame Toure : « une femme sur trois est victime de violence à travers le monde »

Avec le confinement lié à la pandémie du Covid 19, les violences conjugales ont augmenté de manière significative à travers le monde. L’organisation des Nations Unies (ONU) a très tôt tiré la sonnette d’alarme sur cette flambée des violences domestiques. Et son secrétaire général Antonio Guterres a invité les gouvernements du monde à prévoir des recours pour les victimes. 

Selon Mariame Toure, avocate au barreau de Paris, la pandémie vient aggraver une situation déjà alarmante sur les violences faites aux femmes. Cette passionnée des droits humains intervient principalement en droit pénal et en droit de la famille. Elle a créé son cabinet à Paris. Elle est également responsable du pôle juridique de l’association « Lotus Community ». Une association qui vient en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Interview.

Rédaction FP : Nous avons remarqué une hausse des violences conjugales pendant le confinement. C’est dû à quoi selon vous ?

Mariame Toure : Il y a toujours eu des violences faites aux femmes à travers le monde et notamment une recrudescence de ces violences durant la période de confinement. Plusieurs points peuvent être évoqués. Tout d’abord il y avait déjà des hommes qui étaient de nature violente et cela n’a fait que s’aggraver de manière significative avec le confinement. Il ne faut pas oublier les problèmes liés à l’alcool également. Je pense que c’est aussi dû au fait de vivre 24/24 dans la promiscuité. Surtout lorsque ces personnes vivent dans une petite surface. Ça peut rendre les choses encore plus difficiles. On peut également parler du manque de communication dans certains couples et le stress lié au travail. En effet cela a pu rendre des hommes encore plus violents envers leurs femmes.

Rédaction FP : Quelle assistance est proposée aux victimes en cette période ?

Mariame Toure : En France, plusieurs possibilités s’offrent à la victime. Tout d’abord je leur conseillerai de faire constater leurs blessures auprès d’un médecin. Et si la victime le souhaite, porter plante afin de dénoncer les violences qu’elle subit. Elle peut en outre saisir d’urgence un juge aux affaires familiales afin de se faire délivrer une ordonnance de protection. Cette ordonnance a pour but d’écarter un conjoint ou un mari violent. Elle peut notamment être mise à l’abri en faisant appel à des associations qui viennent en aide aux femmes victimes de violences conjugales. Il existe par ailleurs des lignes d’écoute d’urgence qui peuvent venir en aide à ces femmes.

 

Rédaction FP : Qu’est-ce que vous conseillez aux victimes qui ne sont pas en France par exemple et qui n’ont pas toutes ces possibilités?

Je conseillerai aux victimes de se rapprocher d’un comité de soutien ou même d’une association qui pourront les soutenir dans leur démarche. Dans de nombreux pays il existe également des centres d’écoute qui ont pour rôle d’accueillir, d’assister et d’orienter les femmes victimes de violences conjugales.

 

 

Rédaction FP : Vous êtes aussi engagée dans la lutte contre les bavures policières et le racisme. Pourquoi avoir donné cette orientation à votre carrière ?

Mariame Toure : La violence policière est malheureusement devenue un sujet récurrent dans notre société. Et au cours de mon expérience professionnelle plusieurs rencontres ont été déterminantes dans le choix de me consacrer à ces causes.

 

 

Rédaction FP : Un dernier message à lancer par rapport aux violences conjugales ?

Mariame Toure : Il ne faut pas oublier qu’une femme sur trois est victime de violence à travers le monde. Ces violences constituent l’une des violations des droits de l’homme. Je pense qu’il faut briser les tabous et dénoncer ces violences. Et surtout sensibiliser sur ce sujet.

 

 

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