Mariéme Faye : « je dénonce avec tendresse »
A l’instar de Molière qui corrigeait les mœurs de la société en faisant rire, cette chroniqueuse sénégalaise du nom de Mariéme Faye fait des vidéos pour analyser, critiquer et dénoncer certains faits sociaux avec une bonne dose d’humour. A travers ses chroniques, elle envoie des messages forts pour la correction des tares de la société sénégalaise. Pour mieux atteindre ses cibles, la pétillante comédienne glisse des expressions ou mots en wolof dans son discours, d’une manière emphatique. Rencontre.
Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Mariéme Faye, comédienne, chroniqueuse, fondatrice du parc d’attractions à thème « Les nuages perdent leurs plumes ». J’adore les enfants, car ils sont sans manière. J’aime les adultes qui ont gardé leur âme d’enfant.
Vous avez choisi les chroniques pour faire passer vos messages, comment est née l’idée ?
Alors « Les chroniques de Mariéme Faye » c’est pour moi un moyen d’analyser la société dans laquelle je vis. Une façon de sensibiliser, de parler des choses qui me tiennent à cœur, d’éveiller les consciences, de poser un débat, de rire de nos défauts, de nos manquements, d’alerter sur la gestion qui est faite par nos dirigeants… Parfois motiver, souvent apporter une critique que j’espère constructive.
En tant que femme est-ce que le début était facile ?
Je n’ai jamais eu de frein dans ma vie, juste parce que je suis une femme. Peut-être parce que je ne prends jamais un problème sous cet angle. C’est une question que je ne me pose même pas. Être femme c’est tellement top !
Qu’est ce qui guide le choix de vos thèmes ?
Je choisis mes thèmes en suivant d’abord l’actualité. « Les chroniques de Mariéme Faye » c’est un miroir de la société. Le plus souvent ce sont des situations qui m’insupportent en tant qu’humain, mais que je tourne avec le sourire, en fait je dénonce avec tendresse et je prends l’humour comme allié.
Dans une de vos vidéos, vous apportez votre soutien au personnel médical en cette période de crise sanitaire. Comment voyez-vous la gestion de la pandémie du coronavirus au Sénégal ?
Cette crise a mis en exergue un problème majeur entre nos dirigeants et la population. Cette dernière n’a pas confiance en ses dirigeants. Comment tu peux faire entendre raison à des gens, quand ce que tu dis est systématiquement mis en doute, je trouve ça triste et inquiétant d’autant plus inquiétant quand l’une des seules personnes qui trouvaient écho en la population se voit tout d’un coup mis à l’écart parce que ses vérités dérangent à l’heure où la population demande justement une transparence et une parole vraie.
Nous avons de très bons médecins au Sénégal, mais le plateau médical est pauvre, la prise en charge de nos médecins presque inexistante. Ils travaillent dans des conditions lamentables. Je pense qu’on devrait plus les prendre en considération aujourd’hui plus que jamais. Il faut miser sur l’humain et le savoir.
J’espère qu’avec cette crise qui oblige tout le monde à se soigner au sein des plateaux médicaux de son propre pays, déclenchera un déclic positif pour améliorer la prise en charge sanitaire.
J’espère qu’après la covid-19, on mettra assez d’hôpitaux partout, afin que la population qui se trouve à l’intérieur du pays ne soit plus obligée de venir à Dakar pour espérer sauver leur vie. Qu’enfin les femmes qui sont à l’intérieur du pays, au moment d’accoucher ne soient plus obligées de faire des kilomètres en charrette pour donner la vie en risquant de perdre la leur, en cours de route.
Il y a vraiment beaucoup à faire dans ce sens…
Quels sont vos défis ?
Être juste dans ce que je dis sans parti pris, si ce n’est du côté de la population. Être la voix des sans voix. Poser un débat juste. Espérer faire bouger les choses et ça passe par la sensibilisation. Apporter le sourire parce qu’on a déjà trop de choses qui nous font pleurer dans notre quotidien.
Votre message à l’endroit des femmes du monde entier
Développons encore plus la solidarité féminine. Vous êtes fortes, prolifiques, persévérantes, utiles, vous déplacez des montagnes sans fracas… Je vous aime tout simplement.