Mettre des MOTS sur les MAUX
Hummmmm, Mettre des MOTS sur les MAUX…
« Salut, Corine,
Dimanche matin, 8h, je t’écris depuis mon bain. Où je suis en train d’écrire à mes parents.
En effet, j’ai récemment coupé les ponts avec eux, et entamé une thérapie.
En écrivant, je me rends compte que ma vie, en tout cas des bribes de ma vie sont assez incroyables. Je ne suis pas prête à l’écrire en entier, car je n’en connais que la moitié.
En leur écrivant, j’ai eu soudainement une pensée : Pourquoi ne pas écrire cette histoire singulière ?
Aujourd’hui, je sors du secret. Alors, si le thème de l’amnésie t’inspire, et que tu en as envie, et qu’enfin, je décide d’écrire ma vie, je voudrais que ce soit avec toi… »
Lorsque j’ai reçu ce message de L……., dimanche, j’ai immédiatement pensé à vous en parler, ici, dans mes billets d’humeur. Pour plusieurs raisons.
La première, je trouve que le pouvoir de l’écriture est largement sous-estimé, et inconnu de beaucoup.
Parce que, lorsqu’on pense écriture, on l’associe tout de suite à l’écriture d’un livre et que la tâche semble, soudain, insurmontable.
Parce que, dans l’imaginaire commun, l’écriture est réservée à quelques élus dont l’inspiration chevauche la pensée, et parfois même la précède. (Ceci est loin d’être toujours le cas).
Parce qu’on ne trouve pas notre histoire suffisamment riche et jalonnée de suspens, pour intéresser les autres.
Parce que, souvenir laissé par quelques professeurs au cours de notre scolarité, on est persuadé d’être des handicapés des lettres.
Parce que, parce que, parce que…
Or, mettre des MOTS sur les MAUX, est l’une des meilleures thérapies que je connaisse. Je sais, je prêche pour ma paroisse, mais, à mon corps défendant, je dirai que je l’ai toujours su, instinctivement. Enfant, adolescente, il me suffisait de saisir mon « carnet secret » pour, qu’avant même que la moindre tâche d’encre n’y figure, je me sente soulagée. Y déverser mes dépits (Oui, je n’y déversais que des acrimonies !) me donnait l’impression de déléguer à cet autre, être de papier, la résolution de mes tourments. Aujourd’hui encore, l’accord tacite subsiste, et chacun joue sa partition. A merveille. L’écran a remplacé le papier. Quand, à l’heure du hibou, mes yeux aussi grands ouverts que les leurs, je saisis mon ordinateur, lui confie mon souci du moment, ou mon questionnement, je défie quiconque de m’empêcher de dormir dans les 30 minutes ensuite. Systématiquement, je m’endors du sommeil du juste !
Alors, aujourd’hui, je veux le clamer, prêcher pour la paroisse des adorateurs de mots. Vous inciter à faire connaissance avec cet outil : l’écriture. Thérapie, toujours disponible, pas chère, discrète, et accessible à tous.
Lors de mes ateliers d’écriture, ou lorsque j’accompagne des profanes dans l’écriture de leur roman, je sais exactement ce que ressentent les pasteurs lorsqu’ils ont un nouveau converti ! Je frémis de joie quand, un aspirant auteur découvre cette vérité, que j’avais déjà devinée : Oui, il peut le faire ! Il peut écrire une histoire ! La sienne, ou celle surgie de son imagination. Quel bonheur ! Parce que j’ai, moi, une conviction intime, celui ou celle à qui vient l’idée d’écrire un livre a, en lui, son potentiel de réalisation ! Il en est de l’écriture comme de tout ! Si, un jour, vous croyez me reconnaître au sommet du mont blanc, soyez-en certain, j’ai un sosie sur terre ! Je n’en n’ai pas envie, et n’en développerai pas les capacités !
Récemment, en plus d’accompagner des auteurs, j’ai décidé d’être biographe ; Et la question qui fuse le plus souvent est celle-ci : Ecrire l’histoire de quelqu’un d’autre ? Ça doit être barbant, non ? Eh bien, non ! Pas du tout ! Je suis romancière, et j’aime développer des histoires, et, croyez-moi, vos histoires valent largement des romans de fiction ! Comme le dit L……, chaque histoire est singulière !
Et enfin, à ceux qui disent qu’il y aura bientôt plus d’écrivains que de lecteurs, je réponds ceci : Peut-être, mais ce n’est pas une raison pour se priver d’un outil qui pourrait vous aider vous, et aider d’autres personnes ! Car votre parcours raisonnera dans des cœurs en peine, soyez-en certain, je vous parle d’expérience. Et puis, on n’écrit pas forcément pour être publié. !
Mon livre le plus abouti, m’a permis d’explorer mon histoire personnelle. Il m’a emmené à des réponses alors même que je ne soupçonnais pas les questions cachées au creux de moi. Il a élargi ma respiration qui, je le constatai ensuite, avait été jusque- là, étriquée, comme encagée, il m’a empli de gratitude pour certains, permis de pardonner à d’autres, il a mis la lumière sur toutes mes faussetés et celles d’autres de mon entourage, il m’a révélée entièrement, ombres et lumières au diapason. Il m’a fait explorer milles émotions : rires, pleurs, larmes, surprises, il m’a ôté des doutes, y compris ceux qui me protégeaient, m’obligeant ainsi à puiser de la force dans ma vérité.
Et pourtant, ce livre –là, vous ne le lirez jamais. J’écrirai tous les autres pour vous. Mais celui-là, je ne le savais pas en l’entamant. C’est seulement en y apposant le point final que je compris que j’en étais la privilégiée et unique destinataire.
Alors, je vous y encourage ! Ecrivez ! Des textes, courts, longs, peu importe. Répondez au fourmillement de votre pensées, vos doigts, sur le clavier, prendront le relais
Et, L……, oui, bien sûr, je t’accompagnerai avec grand plaisir lorsque tu seras prête à reconstituer le puzzle de ta mémoire. Et vous ? Qu’auriez-vous envie d’écrire ? Dites-le-moi en commentaires.