Peut-on faire l’économie de l’ambition ?
Hummmmm, peut-on faire l’économie de l’ambition ?
Aujourd’hui, encore plus que d’habitude, j’ai besoin de votre concours pour répondre à une question…que je me suis posée, toute seule, comme une grande !
La situation est celle-ci : Il y a quelques jours, en pleine discussion avec une personne de mon entourage que j’aime beaucoup, j’ai ressenti en moi, un malaise grandissant. Quelque chose d’indéfinissable que je m’efforçais de repousser parce que mon interlocuteur était une âme chère à mon cœur. Et puis, une fois le téléphone raccroché, je n’ai pu empêcher le brouillard de mon esprit se dissiper pour faire apparaître clairement cette question : Pouvons-nous, dans nos vies, faire l’économie d’être ambitieux ?
Mon ami venait de m’expliquer sa volonté de changer de vie. Son besoin d’autonomie et de vivre une vie conforme à ses valeurs l’avait amené à la conclusion qu’il devrait quitter le giron familial, sortir de sa zone de confort, et déployer ses propres ailes. Jusque-là, non seulement je trouvais cette décision saine et légitime, mais j’étais prête à applaudir cette prise de risque, car toute mise en déséquilibre volontaire dans une vie ronronnant et confortable mérite notre admiration.
Là où mon ouïe s’est crispée, c’est lorsque, à cette question :
– As-tu calculé ton budget ? Es-tu sûr de pouvoir t’en sortir financièrement ? Après tout, tu vis surtout grâce à la générosité de tes parents !
Il a répondu :
– Tu sais, je me contente de peu. Une fois que mes besoins primaires, soit un toit, une chambre louée, même inconfortable, sans eau courante, quelques fruits et légumes à portée de bourse, puisque je suis végétarien, sont satisfaits, je suis bien.
– Et pour ton transport ? Tes autres frais ?
– Je marche beaucoup, ce qui est, de plus, excellent pour la santé !
– OK.
J’ai répondu « ok », mais ce n’était pas ok du tout ! Parce que cette personne a des velléités de travailler dans le social, d’aider son prochain. Et c’est là, l’un de nos points essentiels d’amitié.
Et de ceci découle mon questionnement :
Peut-on être ambitieux pour les autres lorsqu’on ne l’est pas pour soi-même ?Comment aider quelqu’un à sortir d’une vie précaire quand on est prêt soi-même à s’y mouler ? Attention ! Je ne critique pas le refus d’une vie consumériste ! Il s’agit d’un choix de vie qui a une certaine noblesse, d’ailleurs ! Mais j’ai moi, l’impression, que nous devons toujours tendre vers plus. Si pour certain, le plus se rapporte au matériel, c’est leur choix ! Mais ça peut aussi être plus de santé, plus de générosité, plus d’ambition dans nos engagements. Mon ami, par exemple, ne devrait-il pas vouloir gagner mieux sa vie pour aider plus ces nécessiteux auxquels il veut porter secours ?
Ce qui me dérange ici, c’est cette impression que, se contenter de peu pour soi, induit aussi peut-être manquer d’ambition dans son engagement. Avons-nous le droit d’aider une seule personne quand on peut en sauver 10 ? Le débat est ouvert ! Dans ce billet, je n’ai aucune certitude, que des interrogations.
Je vis au milieu de la nature et j’adore observer celle-ci. Il me semble que tout, dans la nature est foisonnement, accroissement, abondance. Le sapotillier, en face de moi, ne se contente pas de produire 10 sapotilles ! L’avocatier, le manguier, le cerisier me semblent toujours en expansion ! Alors, lorsque nous, les humains, choisissons de nous restreindre, quel que soit le domaine de ce choix, n’adoptons-nous pas, ce faisant, une attitude contre nature ? Même si, privilège suprême, nous avons le choix de nos actions et de nos décisions, n’avons-nous pas l’obligation implicite, en tant qu’élément de ce tout qu’est la nature, de nous déployer au mieux, de laisser vivre chacune des aspirations, et chacun des talents mis en nous ?
J’ai le sentiment, moi, que le choix n’est pas : Ambition ou pas ambition, mais plutôt le choix du domaine dans lequel nous avons l’obligation de nous grandir !
Le débat est ouvert et je serai ravie de m’enrichir de vos avis.
Alors ? L’ambition est-elle une obligation ?
J’attends vos commentaires tout en bas de ce billet.