Réussir ce qui vous semble impossible !
Hummmmm, lève-toi et Marche !
J’aime l’idée de la marche comme métaphore du comportement à adopter dans nos vies.
Hier, accompagnée de deux amies, je suis partie faire une longue marche dans la splendide campagne de Sainte-Anne, en Guadeloupe. Je ne connaissais pas ce parcours. Mais, appelons la Catherine, mon amie m’en avait parlé avec des étoiles dans les yeux ! Elle me narrait ce circuit prolongeant la mer et débouchant sur des paysages qui vous téléportaient tantôt dans les falaises écossaises ou, un peu plus loin, sur les côtes Bretonnes. Forcément, amatrice de beaux paysages et amoureuse de mon île que je redécouvre chaque jour avec émerveillement, je me suis invitée dès la semaine suivante dans leur périple.
Au départ, elle m’avait annoncé un parcours de 8km, ce qui était dans mes cordes tant que le sentier n’était pas trop escarpé. Nous nous sommes données rendez-vous à l’aube et ce sont mes mirettes en alertes que j’ai entamé ce chemin.
Tout avait bien commencé. Le point de départ était une plage que j’avais délaissée depuis bien longtemps, insensible à son charme désuet et ma première récompense fut de découvrir que son littoral avait été grandement amélioré.
Au fur et à mesure de la marche, mon enthousiasme grandissait ! Elle n’avait pas exagéré, le paysage était tantôt d’une beauté sauvage à couper le souffle, et ailleurs, d’une paisible harmonie invitant à ralentir et savourer l’instant présent. Le trajet de l’allée, de 3 km prenait fin en apothéose sur un rocher surplombant l’une des plus belles plages de l’île. Un régal. Jusque-là, notre symbiose fut parfaite ! Une petite pause pour avaler quelques gorgées d’eau fraîche, puis nous prîmes le chemin du retour. Le premier couac intervint assez rapidement, lorsque notre cheftaine désignée et reconnue, grande marcheuse devant l’éternel, décida de bifurquer, se détournant du sentier pris à l’aller, et rallongeant ainsi le trajet de deux kilomètres. Mon amie, Catherine, manifesta sa désapprobation, mais avec une certaine retenue. Personnellement, cette marche m’enchantait et je ne pris pas part au débat. Au bout d’un kilomètre, nous avons constaté que les abondantes pluies des jours précédents nous obligeaient à rebrousser chemin, celui-ci s’étant transformé en un marécage boueux, peu ragoutant et même possiblement dangereux à emprunter. Catherine manifesta cette fois-ci bruyamment son mécontentement : Quelle idée, soufflait-elle d’avoir changé le trajet. Elle commençait à fatiguer et l’idée de ce kilomètre supplémentaire, effectué inutilement, l’agaçait profondément !
Notre cheftaine ne prit pas la mesures de ses protestations et modifia encore le parcours, le rallongeant d’un kilomètre de plus. Cette fois-ci, Catherine, dont je soupçonnais la nature volcanique sans toutefois l’avoir jamais vue en éruption, manifesta bruyamment sa colère. Elle rappelait à la cheftaine que, contrairement à celle-ci, elle n’avait guère l’habitude de crapahuter des heures dans la campagne.
Elle affirmait, toutes les 5 minutes ne pas pouvoir faire un pas supplémentaire. Elle s’énervait, de plus en plus fort, soufflait, souffrait, mais avançait.
La cheftaine ralentit la cadence pour permettre à Catherine d’adopter un rythme plus lent, mais elle n’apaisa pas le courroux de celle-ci. Les deux derniers kilomètres furent soit pleins de récrimination, soient emplis d’un silence lourd, presque oppressant.
Pendant ce temps, mon esprit à moi s’était fait la malle. D’abord pour garder intacte mon plaisir du moment, ensuite, pour tirer une réflexion de cette expérience. Et voici précisément ce à quoi mon esprit s’occupa : J’aimais la marche, et cet amour, depuis quelques temps, allait crescendo sans explication tangible. Or, là, je venais d’en découvrir l’une des raisons :Entamer une marche, qu’elle que soit sa longueur ou sa durée, revient à s’engager à aller au bout de quelque chose. Lorsqu’on fait une séance de fitness en salle ou qu’on choisit d’exécuter des longueurs de brasse dans une piscine, on peut, à tout moment, décider de tout interrompre ! Le signe d’une infime douleur ou l’impression d’avoir suffisamment exercé son corps peuvent être motifs d’abandon. On remet alors au lendemain en se jurant que cette fois-là, on irait au bout de l’engagement !
Mais lorsqu’on entame une marche en plein air, tant qu’on n’a pas atteint le terminus, impossible de décider d’interrompre le parcours. On n’a pas d’autre choix que de continuer ; Un pied, puis, l’autre, un, deux, un deux, indéfiniment jusqu’au point de départ. Nulle possibilité de héler un taxi, de se faire porter pâle ou de trouver sur son chemin un cheval apparaissant subitement pour vous transporter le reste du chemin. On doit poursuivre sa route. En râlant ou avec allégresse, mais on doit la poursuivre. J’aime l’idée de la marche comme métaphore du comportement à adopter dans nos vies. Parfois, Catherine chancelait, mais n’avait d’autre choix que de se redresser et de reprendre la route. Elle maudissait la cheftaine, l’accusant de ne pas avoir pris en compte ses doléance, à savoir un parcours réduit, puis, se taisait et poursuivait sa marche. Parfois même, la colère lui faisait accélérer le pas et c’est nous qui devions suivre sa cadence.
Toujours est-il que, bon gré, mal gré, elle a poursuivi sa route, tout comme nous et, lorsque nous avons finalement rejoint la plage de départ, son soulagement le disputait à sa satisfaction d’avoir réussi ce qui lui semblait impossible !
J’étais, moi, ravie ; Non seulement, j’avais découvert un nouveau parcours, mais j’avais aussi réussi à conserver mon enthousiasme et mon enchantement durant la totalité du trajet, refusant de me laisser contaminer par sa mauvaise humeur ! J’ai décidé de garder en mémoire ce souvenir pour tous les moments de découragement à venir. Ceux où l’envie de renoncer à un défi me prendrait : Je m’imaginerai sur un sentier de marche privée d’autres possibilités que celle d’avancer !
D’ailleurs, lorsque le bébé naît, quel est l’un des premiers tests auxquels on le soumet ? Celui des premiers pas de marche ! Je me dis qu’il s’agit là, d’une jolie symbolique, comme pour lui ancrer dès le départ, ce conseil de vie : Quoi qu’il arrive, quelles que soient les circonstances, reprends-toi, relève-toi, et marche vers ton destin. La vie est ainsi faite.