Une nouvelle chance…
Hummmmm …..Lui, Je ne l’aimais pas, et puis….
J’adore le chocolat, mais, je n’aimais pas le chocolat noir. Et puis, un jour, pour me faire plaisir, ma maman a acheté 4 tablettes de chocolat noir qu’elle a mis au frigo et m’a fièrement montré à mon arrivée :
– J’ai une surprise pour toi, a-t-elle dit, dégainant fièrement ces 4 tablettes censées me transporter de joie ! Pour lui faire plaisir, j’ai émis le sourire le plus hypocrite de ma vie, avant de déshabiller la première tablette et de porter à mes lèvres révulsées, deux carrés qui semblaient vouloir me croquer, moi, et mon aversion. Je les ai enfournées très vite, pressée de les avaler, les laissant à peine effleurer mon palais, refusant que ce prolonge cette amertume sans charme aucun pour moi !
Ravie, ma mère m’offrit d’en savourer deux autres ; Cette fois-ci, je les laissai deux secondes de plus, sentant son regard heureux sur moi. Je restai dix jours avec elle et, chaque jour, cette scène se renouvelait. Je devais simuler la joie, quand mon palais se révoltait de se goût non répertorié dans ses préférences.
Au bout du sixème jour, bizarre bizarre, je croquais dans ces deux carrés, non pas avec bonheur, mais avec curiosité !
– Tien, me disais-je, on dirait qu’ils sont moins amers !
Le 7ème jour, j’allai, toute seule déshabiller la tablette, et croquer mon chocolat, en oubliant que je ne l’aimais pas ! Je l’avais tellement oublié que je l’ai laisser vivre, fondre dans ma bouche avant de, doucement, le laisser glisser dans mon gosier avec regret.
Le huitième jour, je pris deux carrés le matin, deux le midi, et deux le soir.
Pour mon départ, je remarquai quatre tablettes d’un grand chocolatier posés au-dessus de mes vêtements, dans le sac de voyage. Je remerciai chaleureusement ma mère, et glissai prestement l’une des tablettes dans mon sac à mains ! Le vol Paris-Pointe-à Pitre durait huit heures. On devait être encore au-dessus de la métropole quand le chant funèbre de la tablette fut entendu de certains ! En moins d’une heure, son sort avait été scellé avec gourmandise. En même temps que je terminais cette tablette, j’entamais mon amour pour le chocolat noir. Et, si quelques relations ont fait un bout de chemin avec moi depuis, je n’en n’ai eue aucune aussi sincère, puissante et ineffable qu’avec le chocolat noir.
Je n’aimais pas le chocolat noir, mais parce que les circonstances m’ont obligées à y revenir, encore et encore, j’ai appris, tout en douceur et sans même m’en rendre compte à l’apprécier jusqu’à l’adorer.
Nous vivons dans un monde où tout va vite, très vite, trop vite. Sur les réseaux sociaux, on aime, on adore ou on déteste. Il n’y a plus de place pour la nuance. Les amours comme les opinions sont tranchées dans le vif. Le rouge de la passion et le noir de la détestation éliminent toutes les autres couleurs, jusqu’à cacher les nuances de l’arc-en-ciel !
Avez-vous déjà, posément, sans hâte, admiré un arc-en-ciel ? S’allonger, dans l’herbe ou faire la planche dans la mer et laisser son regard passer du violet au bleu foncé, au bleu clair, au vert, fixer le jaune, sourire à l’orange, se laisser éblouir par le rouge. La nature, ainsi, nous enseigne la nuance et la lenteur.
Je n’aimais ni le corossol, ni sa cousine la pomme cannelle. Je les trouvais épais en bouche, difficiles à avaler, grumeleux. Rien ne semblait pouvoir me faire changer d’avis. Et puis, les années passant, je me suis de plus en plus intéressée à ces fruits et légumes qui, servant de bouclier, pouvaient nous protéger de certaines maladies ou en ralentir l’apparition. Et le corossol, revenait sans cesse : Champion contre l’insomnie, le stress, la dépression, la régulation du sucre dans le sang, il purifie le foie, et est de plus, un anti-cancer reconnu !
Contre une telle démonstration de force, mes défenses pour lui interdire l’entrée dans mon gosier ce sont affaiblies. Refuser de faire appel à lui alors même que je vivais dans son environnement de prédilection confinait à la bêtise. Je me suis donc aventurée à en manger un ;
Hummmm, pas si mal que ça, finalement ! Cette saveur sucrée ! L’épaisseur grumeleuse se transforma en velouté à savourer lentement. Rapidement, je me surpris à être à sa recherche ! Lors de la dernière saison, j’ai été, trois fois par semaine au marché rien que pour lui ! Le corossol, banni de mon assiette depuis des décennies, est devenu un invité recherché, privilégié, et sera, cette année, le grand V.I.P, à égalité avec la papaye que personne n’avait réussi, jusque-là, à me faire aimer ! Mais voilà : ses qualités de reine du transit m’ont été dévoilées, et elle est devenue ma meilleure amie !
Est-ce possible d’aimer quelque chose qu’on a autrefois détesté ? Oui, absolument, je viens d’en faire la démonstration. Et, ce faisant, j’ai répondu à la question sous-jacente : Pourquoi le faire ? Pourquoi se donner la peine de prendre le temps de dépasser la première impression ? Parce que, les fruits comme les personnes, comme tout dans la nature peuvent s’offrir sous plusieurs aspects. Et ce serait dommage, tout simplement, de nous refuser et de leur interdire une nouvelle chance de nous faire du bien. Et puis, nous évoluons, nos motivations évoluent avec nous. Les fruits que je n’aimais pas sont aujourd’hui parmi mes préférés. Il s’agissait, avant, d’une simple histoire de goût ; Aujourd’hui, ma santé passe d’abord, impose sa loi, pour mon plaisir.
Alors, je vous propose de nuancer vos avis, de regarder à nouveau vos anciens rejets, sous une nouvelle fenêtre. A vous de la choisir, elle vous offrira, peut-être un nouveau chemin, vers des horizons inattendus.
Nathalie
Incroyable ce billet.
Très Appréciable à lire.
Merci Corine de nous avoir démontré qu’une chose dépréciée… peut finalement être quelque chose d’agréable.
Moi… c’est le pamplemousse que je n’aime pas mais, qui sait ? Peut-être qu’un jour je vais le kiffer. Haha…
CHANTAL SEBASTIEN
Quelle belle leçon pour nous encourager à oser aller vers des sentiers non battus, et qui vous rebutent, vous venez de me donner.