Au revoir Ronit !
Née le 27 novembre 1964 en Israël, Ronit Elkabetz, femme élégante, somptuosité solaire, artiste engagée, aura marqué de son empreinte le cinéma israélien puis français.
“Je suis en permanence à la recherche de mes racines. Je suis née de parents immigrés du Maroc. Mes fondements et ma culture sont pluriels, mais mon histoire, c’est Israël.”
Tempérament de feu, femme de conviction au caractère bien trempé, personnage haut en couleurs qui n’a pas peur de se confronter à ses propres contradictions, femme de conviction et de culture, Ronit aurait pu en effet s’enorgueillir de tous les qualificatifs.
Elle n’a pas eu peur de quitter sa position enviable et idéalisée de star du cinéma dans son pays pour recommencer de zéro en France:
“…. Sans la connaître, j’étais amoureuse de cette culture et je savais que pour progresser, il fallait que je la rencontre de près… Le plus cadeau que je me suis offert, c’est cette seconde naissance. J’aurais très bien pu continuer d’enchaîner les projets en Israël, mais j’avais besoin d’ouvrir une nouvelle porte: pour la trouver, le seul moyen était de rompre avec mes repères et de recommencer ailleurs, à zéro…”
Elle ne s’est pas laissée effrayer non plus par l’inconnu et a embrassé à bras-le-corps, passionnément, un métier -comédienne puis réalisatrice- sans avoir reçu la moindre formation préalable, mue par sa seule soif de vie, son envie de comprendre.
Coutumière des rôles forts de personnages énigmatiques, profonds, à la psyché complexe, elle excelle en:
- prostituée dans “Mon Trésor” de Keren Yadaya, Caméra d’Or à Cannes en 2004,
- danseuse et chorégraphe avant-gardiste dans un spectacle sur la vie de Martha Graham
- tenancière de bar au franc-parler mais au coeur d’or dans la “La Visite de la Fanfare” de Eran Kolirin
- comme mère possessive dans “Jaffa” de Keren Yedaya
- travesti dans “Origine Contrôlée” de Ahmed Bouchaala et Zakia Tahri
- femme forte et théâtrale dans “Cendres et Sang” de Fanny Ardant
- ou encore amante ardente dans “Mariage tardif” de Dover Kosahvili pour lequel elle obtient le prix de la meilleure actrice au Festival international du Film Thessalonique 2001 ou dans “Les Mains Libres” de Brigitte Sy.
Ronit Elkabetz habitait totalement, puissamment les rôles qu’elle interprétait et “forait” inlassablement au plus près de l’authenticité de la psyché humaine, de son intensité.
Ce 19 avril 2016 marquera le terme d’une carrière exigeante, sans concession, remarquable en bien des points.
La maladie t’emporte avec elle, Ronit, mais elle s’incline devant la richesse et l’éclat de ton héritage, dont on profitera encore très très longtemps.
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