Aya, une star d’aujourd’hui 2/2
Voici la suite et fin de notre article d’hier : Aya une star d’aujourd’hui. Vos commentaires en bas de l’article sont chaleureusement attendus. Partagez-le avec vos proches !
Lorsque l’État s’invite dans l’espace artistique et culturel
En France, quand il est question de double culture, cette notion est toujours l’objet de soupçons. L’histoire de l’accès à la nationalité pour les enfants issus de l’immigration depuis les années 80 est révélatrice de cette ambiguïté jamais résolue autour de l’identité française. Pour preuve, la thématique de déchéance de nationalité qui réapparaît régulièrement dans le débat politique depuis lors.
En novembre 2020, le député de LREM Rémy Rebeyrotte a salué la chanteuse Aya, lors d’un débat sur la loi sur les accents, à l’Assemblée Nationale. Le député a trouvé « remarquable » la jeune chanteuse de vingt-cinq ans qui « réinvente des expressions françaises », depuis son quartier d’Aulnay-sous-Bois.
Les banlieues : un projet politique d’intégration vieux de quarante ans qui a échoué en tentant de modifier le monde de la banlieue. Dans ces banlieues populaires de France, l’écrasante majorité des habitants est issue de l’immigration post-coloniale. Beaucoup de jeunes ayant grandi en banlieue tentent d’échapper à cet isolement par la musique, comme moyen d’évasion et d’exprimer leur vie, et s’ils, ou si elles, réussissent, c’est un ticket de sortie.
La banlieue a déjà produit des stars. Kery James est un chanteur, rappeur, auteur-compositeur, danseur et producteur de disques français, né aux Antilles de parents haïtiens. Sa mère l’a élevé à Orly, une ville de la banlieue parisienne. Aujourd’hui, avec ses trois albums solos, il est l’une des plus grandes figures du rap français.
Aya, comme Kery, écrivent des choses auxquelles la plupart de ces jeunes vivants dans ces régions peuvent s’identifier. Ils leur donnent une voix et les incite à faire bouger les choses.
Après qu’il a eu rendu publique sa conversion à l’Islam, les médias l’ont qualifié de « rappeur repenti par l’Islam ». Le chanteur assume cette image. « Je préfère être celui qui tient ce rôle, plutôt que quelqu’un d’autre. De nombreux jeunes musulmans sont tentés d’être intolérants ou extrémistes. Si je peux ouvrir les yeux, c’est une bonne chose pour eux ». À travers ses chansons, Kery James prône un Islam tolérant, où l’acceptation de l’autre est essentielle au sein d’une société plurielle. Avec l’influence qu’il exerce sur un large public, il joue un rôle essentiel dans la prévention de la radicalisation des jeunes.
Un message d’empowerment feministe
De loin, la banlieue paraît peut-être repoussante, avec ses tours, le manque de loisirs et de services publics adéquats. Mais lorsqu’on y vit, cet un espace où la solidarité et l’unité sont des valeurs importantes. Même si elle ne plait pas à tout le monde, Aya honore ses origines maliennes, célèbre sa famille et ses amies.
Aya s’impose au monde. Le magazine féminin Marie-Claire avait publié un article intitulé ‘’le rang des 20 célébrités françaises que le monde nous envie’’ en mai 2020. Même si des femmes dites “de couleur” (NDLR : comme si le blanc n’était pas une couleur !) y figuraient, elles étaient très peu nombreuses. Aya ne faisait pas partie de la liste…
Fière, elle « ne s’excuse pas d’être noire ». « Black is beautiful » – qui tire ses racines du mouvement de la Négritude des années 30 – ne s’arrête pas qu’à une manifestation visuelle de la beauté noire, mais c’est aussi la mise en valeur des qualités, des compétences, des nombreux talents de la femme noire, et qu’elle peut être l’auteure de réalisations. Aya montre que personne ne devrait accepter d’être enfermée dans les stéréotypes à travers lesquels le monde la perçoit. Elle est là où on ne l’attend pas. Noire et musulmane, elle contredit les clichés français en prenant la parole, en affrontant les hommes, en affrontant le sexisme et le racisme français, montrant aussi que l’Islam ne rime pas systématiquement avec l’oppression de la femme.