India Mahdavi : Icône du « Chic Nomade »
India Mahdavi:
Icône du «Chic Nomade»
India Mahdavi est une créatrice pour le moins atypique dans le design français. Pour elle, le bon goût et les diktats n'ont plus autorité. Son envie: créer de nouvelles harmonies, de nouveaux courants, comme cela est le cas en matière d'art et de musique en particulier. Née d'un père iranien et d'une mère égyptienne, India Mahdavi a grandi aux États-Unis, puis en Allemagne et en France. Elle est un melting-pot culturel à elle toute seule et puise ce qui lui plaît, dans toutes les cultures. Toujours enthousiaste, elle n'en est pas moins rebelle au banal et à toute globalisation. Sa hantise: rester statique.
On dit que vous êtes l’icône du «chic nomade», comment cela se traduit‐il ?
Certainement par la diversité de mes influences car j’ai toujours beaucoup voyagé et par l’attention que je porte au confort physique et visuel des lieux que je dessine.
Une “bonne déco”, est-ce une question de budget?
Au contraire, les contraintes, quelque soit leur nature (budgétaire, architecturale…), engendrent parfois la plus grisante liberté. Pour le Thoumieux par exemple, le volume des chambres était assez étroit, j’ai donc décidé de densifier les espaces, de les saturer, par l’utilisation des motifs dans la moquette ou le papier peint… Et cette exagération (maîtrisée) apporte un vrai confort. L’hôtel du Cloitre à Arles est un autre exemple intéressant de contraintes historiques car le bâtiment est une sorte de patchwork historique, fait d’une succession d’ajouts de bâtiments depuis le XIIIème siècle. J’ai, à la fois, respecté cet héritage, tout en lui apportant un esprit contemporain et sobre.
Vous avez réalisé plusieurs hôtels de par le monde, quel a été le chantier le plus compliqué?
En vérité, ils le sont tous… pour des raisons différentes bien entendu!
Et celui où vous avez pu vous exprimer le plus?
J’ai eu la chance, pour beaucoup de mes projets, d’avoir de vraies cartes blanches et c’est aussi pour cela que l’on vient me voir car j’essaye de ne jamais refaire la même chose ni de me répéter.
Vous dites aimer que votre apport ne se fasse ni au détriment du lieu ni de ceux qui le fréquentent ou qui y vivent. Comment appliquez-vous cela lorsqu’il s’agit d’un hôtel?
D’abord, en m’inspirant en priorité du lieu, de son histoire, de sa topographie, de sa localisation. Je ne peux pas travailler de la même façon pour le Monte Carlo Beach, qui est un bijou entre mer et montagne et dans lequel j’ai voulu travailler sur l’esprit Riviera glamour des années 30/40… et le Thoumieux, qui est une maison de champagne en ville. J’aime pouvoir recréer à la fois une identité mais aussi susciter une émotion, c’est aussi pour cela que j’aime les hôtels à petite échelle, si possible pas plus de 40 clés..
Dans votre travail quelqu’il soit, la sobriété semble aussi être une de vos signatures?
C’est vrai, j’aime les lignes pures sans trop de fioritures. J’aime la sobriété qui amène un équilibre entre le masculin et le féminin, le chaud et le froid, le mat et le brillant, le structuré et le déstructuré… Je recherche l’équilibre entre des choses rigoureuses et des choses plus douces. Dans les formes, j’aime le côté charnel, je travaille beaucoup le rapport à la surface, au corps, au toucher. Tout ce que je fais est très guidé par ma capacité de production, car je m’auto-édite, Je n’ai pas d’industrie derrière moi comme peuvent l’avoir un certain nombre de designers, italiens par exemple. Donc tout ce que je crée, je dois savoir le fabriquer et je travaille avec des artisans français.
Qu’est-ce qui, selon vous, ressemblerait à un faux-pas déco dans un hôtel?
Un total look arbitraire et décliné de la même façon dans des endroits différents.
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