Je n’en veux pas, de ton cadeau !
Hummmmm, je n’en veux pas, de ton cadeau !
Qui n’aime pas recevoir des cadeaux ?
Un beau paquet enrubanné ou dissimulé dans une pochette surprise qu’on vous tend et, immédiatement, le sourire qui s’agrandit, les papillons dans le ventre, la joie au cœur.
Un cadeau, c’est quelqu’un qui vous dit : « je t’aime ». Quel qu’il soit.
C’est évident à comprendre lorsqu’il s’agit de votre amoureux, d’un membre de votre famille, ou de personnes qui vous sont proches.
L’objet devient la représentation matérialisée de leur affection pour vous. Comme un grand « hug » qui se prolongerait un peu plus.
Un cadeau, lorsqu’il est en plus, personnalisé, voit sa valeur se multiplier. La déclaration d’amour est encore plus éclatante ; Celui qui offre vous dit alors :
– « Tu vois, je t’aime tellement que j’ai pris le temps d’étudier tes goûts, puis celui de la réflexion, puis, celui du choix idéal, et enfin j’ai pris de mon temps pour me déplacer pour toi…ou pour cliquer sur le site idoine ».
Et on le reçoit avec d’autant plus de reconnaissance. Quand même ! le temps est la valeur la moins monnayable qui soit ! Il est compté et ne peut se démultiplier. Il ne peut s’acheter, ni ne peut se rattraper ; Donc, si cette personne nous a fait cadeau de son bien le plus précieux, c’est qu’elle nous aime d’autant plus fort.
Et c’est parce qu’offrir un cadeau est signe d’amour qu’en offrir un lorsque le cœur n’y est pas est un grand signe de perversion ! A ce moment-là, loin de la marque d’appréciation que représente l’objet, celui-ci devient la preuve d’une contrainte, ou même d’un reproche :
« Je t’offre ce cadeau parce que c’est ton anniversaire (notre anniversaire de mariage, la Saint Valentin…etc, au choix, et que si je ne le fais pas, tu vas m’en faire le reproche et rendre mon air irrespirable ! Par ce cadeau que je t’offre, j’achète, en réalité, ma tranquillité d’esprit et mon air régénéré » ! Si cela n’est pas perversion, qu’on m’en donne alors la définition !
Le cadeau, ici, représente une transaction ; On est alors à l’opposé de l’amour qui se définit comme étant gratuit, ne relevant d’aucune obligation.
Il y a aussi le cadeau professionnel : Celui que tend le patron à son employé modèle. Ce cadeau relève-t-il de l’amour ? Hummmm. En réalité, Le patron, ici, dit en substance :
– Je te récompense parce que tu as suivi le modèle que je t’ai proposé ou imposé. Je récompense l’abnégation que tu as fait de ta personne pour épouser la mienne. Hummmm…
Dans cette même veine, qu’en est-il des cadeaux qu’on se fait entre entreprises ? Là, le sentiment, dénué de toute hypocrisie, est clair :
– Nous nous offrons mutuellement des cadeaux, car nous y avons intérêt tous les deux ! Notre collaboration nous fait gagner de l’argent, mutuellement ! Il s’agit d’un partenariat gagnant- gagnant ! Point d’amour, ici ! Mais nulle hypocrisie non plus ! L’objet du cadeau a peut-être été dévié de son but originel, mais le prétexte est sain, parce que clairement défini !
– Et puis, il y a le cadeau ultime. Selon moi, le pire des cadeaux ! Certains le qualifient d’empoisonné. Moi, je le dirais criminel. Il s’agit du cadeau que l’on fait à un enfant, un adolescent, ou un adulte lorsqu’on lui induit dans le cœur qu’il ne sera digne de notre cadeau d’amour qu’en suivant nos préceptes, nos indications, en épousant notre mentalité, notre vision ! Ce faisant, nous demandons à cet être qui est autre, de devenir nous. Nous lui enjoignons l’impossible, car chacun d’entre nous est fait de son passé, de son présent, de ses rêves d’avenir. Changez une seule donnée et l’équation devient impossible à résoudre.
Ce cadeau d’éducation, fait à un enfant peut insuffler en lui, des cicatrices d’autant plus destructrices qu’elles sont invisibles et inévitable. De plus, l’autorité du requérant annihile toute possibilité de s’y soustraire. La seule option possible ici est l’obtempération.
Ce billet s’adresse donc aux adultes : parents, conjoints, amis, collègues, sachez que , si vous avez pris le temps de lire ce billet, vous vous êtes dépouillés de votre innocence : Chaque fois que vous offrirez, désormais, un cadeau dans un but autre que le pur don, et l’amour de votre prochain, observez, dans le miroir face à vous, le reflet d’un manipulateur, d’un égoïste ou d’un criminel, et sachez que, quoi qu’il arrive et parce que la vie se charge toujours des équilibres, un jour, se dressera devant vous, quelqu’un qui vous ôtera votre masque de bonté, avec cette phrase !
– Je n’en veux pas, de ton cadeau !