Julie-Paulette Kassa Mapsi, nouvelle égérie de la gastronomie africaine
Sous son pseudonyme PopoLovesCooking sur les réseaux sociaux, Julie-Paulette Kassa Mapsi, donne des couleurs et de la saveur à la gastronomie africaine. Avec beaucoup d’huile de coude et de passion, la jeune cheffe originaire du Gabon, a fait ses armes en tant que femme, noire dans le secteur de la cuisine. Aujourd’hui, elle est l’une des ambassadrices de la gastronomie africaine dans l’hexagone.
La sortie de son dernier opus Wake Up Africa en décembre 2021 marque un nouveau tournant dans sa vie de femme, noire et cheffe. Entre la Covid-19, l’arrivée d’un bébé et d’autres projets sur le feu, Julie-Paulette Kassa Mapsi alias PopoLovesCooking est venue à bout de ce projet d’écriture et de réalisations culinaires qu’elle a entamé en 2019. Pétillante et débordante de créativité, cette grande femme au teint clair, est au four et au moulin. Chef de projet chez le traiteur de luxe Butard Enescot, elle endosse également les casquettes d’auteure culinaire et de créatrice de contenus. Jeune cheffe, elle porte déjà le poids d’être une femme dans le secteur de la cuisine. Et de surcroît noire. Le sexisme dans les brigades n’aide aucune d’entre elles qu’importe la couleur. Et quand la couleur met son grain de sel, elle ne fait que complexifier les choses. Tant pis pour l’assaisonnent en trop, l’art culinaire, c’est son dessein.
« Les gens pensaient que je rigolais »
Cette grande gourmande, comme elle se plaît à dire, n’hésite pas à se jeter dans le bouillon. « Au Gabon, on me surnommait du même nom que la cuisinière qu’on avait à la maison » se remémore-t-elle en souriant, tellement sa passion pour la cuisine est omniprésente. Née au Gabon, elle est tombée toute petite dans la marmite. Commis puis cuisinière domestique lors des événements familiaux, elle a toujours répondu présent pour mettre la main à la pâte. Au point de faire un usage exclusif de la cuisine familiale.
De cet amour pour la cuisine, elle a décidé d’en faire un métier. « Au début, les gens pensaient que je rigolais » lâche-t-elle d’un rire franc. Très bonne élève durant toute sa scolarité, on ne l’attendait pas sur ce chemin. Ce choix de faire une formation en cuisine n’a pas toujours bien été accueilli par son entourage. « En Afrique, les métiers de bouche sont dévalorisés et très mal perçus, explique-t-elle. J’ai essuyé des moqueries à ce sujet. La mentalité des Africains vis-à-vis de ces métiers-là, explique le peu de chefs noirs, femmes comme hommes, dans ce secteur ». Sur cette voie professionnelle, elle a eu le soutien sans faille de ses parents. Ce n’est pas le cas de pleins d’autres jeunes d’origine africaine « qui voulaient que je les conseille pour aborder avec leurs parents ce choix de métier afin de les convaincre de les laisser prendre cette voie ». Julie-Paulette Kassa Mapsi se réjouit de cette chance. Chance qu’elle compte bien transformer en essai gagnant.
Des idées préconçues sur la cuisine africaine
Dès son arrivée en France, la jeune femme a suivi l’engouement des blogs culinaires. Très vite, elle a conquis la toile par ces recettes aux accents africains. Les aventures culinaires de PopoLovesCooking, de son nom de scène, débutent ainsi. Sur son blog, elle a su mettre à profit son apprentissage à l’Ecole Hôtelière de Paris – lycée Jean Drouant- pour la gastronomie africaine. Frappée par le manque de représentativité de la cuisine africaine subsaharienne dans la littérature française, la seule élève noire de sa promotion décide de sortir son premier livre L’Afro Apéro en 2017. Celui-ci a connu un franc succès qui l’a poussé à continuer à porter le flambeau de la gastronomie africaine. Chose qui n’est pas aisée. Le regard que porte l’Occident sur la cuisine africaine « est très dévalorisé. On la renvoie toujours à tout ce qui est gras, inesthétique ou trop pimenté. La cuisine africaine ne s’est pas exportée assez tôt au même titre que les autres cuisines. Du coup, on est encore moins légitime dans le sens où ils se disent : celle-là avec son manioc ou sa banane plantain, de quoi elle me parle, lance-t-elle. Il y a tellement d’ignorance et de préjugés à l’encontre de notre cuisine qu’on part avec des tares ». Des tares qui laissent de la souillure. Encore plus sur la peau noire. « On ressent toujours le besoin de fournir deux fois plus d’effort, de se montrer deux fois plus investi parce qu’on est noir. De prouver que nos cuisines valent aussi bien qu’une cuisine asiatique, italienne ou française » lâche-t-elle. Alors à son niveau, elle oeuvre, pour déconstruire l’imaginaire que les gens se sont fait sur la cuisine africaine.
Un vent nouveau pour la gastronomie africaine
Elle tente de rendre à la gastronomie africaine ses lettres de noblesse. Elle redore même son blason en l’intégrant dans l’air du temps avec son deuxième livre Wake Up Africa. Dans son dernier livre, la nouvelle égérie de la cuisine africaine met au coeur l’Afrique sous l’angle des brunchs et des petit-déjeuners. Mais pas que. Ce titre se veut également impactant et parlant comme un message dont le crédo serait la fierté selon Julie-Paulette Kassa Mapsi. « On mange des plats en sauce qui prennent du temps à cuisiner mais c’est notre cuisine. Et elle est belle ainsi. On va pas faire des mafé express pour satisfaire tout le monde » souligne-t-elle. Aujourd’hui, la gastronomie africaine prend une nouvelle dynamique avec l’apparition d’événements afro, de restaurants au concept innovant et de qualité comme des épiceries fines autour des cuisines africaines. « On doit encore prendre plus conscience de nos origines, de nos produits, de nos gastronomies et assumer notre histoire » conclut-elle. À 26 ans, l’influenceuse culinaire rêve grand, pour elle et pour l’Afrique.
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