La magie des mots
Hummmmm, la magie des mots ….
« Au commencement des temps, les mots et la magie étaient une seule et même chose ».
Ce n’est pas moi qui le dis.
Mais une grande sommité de la psychanalyse.
Eh oui, vous l’aurez peut-être deviné : Cette affirmation vient de MR FREUD lui-même ! Et, en toute humilité, je ne peux qu’approuver.
D’aussi loin que je me souvienne, les mots ont toujours été d’une importance fondamentale dans ma vie. Avec un père journaliste, passionné par les mots et une mère qui baignait en permanence dans la littérature, le piège livresque s’est refermé sur moi très très tôt.
Mais quand je parle des mots, je ne parle pas que de livres. Je parle aussi des mots pour communiquer oralement. Ceux qu’on prononce, et ceux qu’on tait. Et qui sont parfois les plus envahissants. Parce qu’on ne leur a pas donné vie, ils ont décidé de se révolter. Ils ont hurlé leur statut de mort-né en colonisant notre être. Prenant de plus en plus de place, d’espace, jusqu’à déborder ; S’inscrivant sur notre peau, se logeant dans notre cœur, nous rongeant de l’intérieur et s’exhibant à l’extérieur.
J’en ai eu, dans ma vie, la troublante démonstration.
Jusqu’à l’âge de 35 ans, mon visage avait traversé les années avec grâce. Nul bouton, jamais, n’avait eu l’autorisation d’effleurer ma face lisse (Je ne compte pas les orgies de chocolat aux noisettes qui se manifestaient par de brèves apparitions de boutons lipidiques). J’ai même traversé l’adolescence en étant exemptée de produits antis acnéiques ! Je me croyais donc épargnée à jamais et remerciais mère nature et mère tout court pour ces prodigieux gènes !
Et puis, ne voilà-t-il pas qu’un beau matin, alors que je brossais mes dents face à un miroir dont je ne me préoccupais guère, est apparu subitement en face de moi, une sorte de harpie au visage qui semblait-il, venait de subir les labours et dont la face représentait un champ avec ses sillons, ses monticules et ses aspérités rocailleuses ! Etourdie, effrayée, j’ai approché du miroir ce visage qui ne m’appartenait plus et qui semblait avoir décidé de vivre une vie indépendamment de moi ! A l’époque, je recevais, dans ma fonction, beaucoup de public et le maquillage m’était un exercice inconnu ! Je suis allée travailler et ai pu éprouver les émotions de Frankenstein à chacune de ses apparitions.
Ceci se renouvela, jour après jour pendant une semaine. Je me suis finalement décidée, contrainte par les regards d’épouvante que je suscitais, à aller voir une dermatologue. Il s’agissait d’une femme d’âge mur, dont le visage plein de bonhomie était creusé par deux prunelles qui vous transperçaient et exigeaient de vous, la vérité nue. Après avoir noté mes civilités, nom, prénom, âge, antécédents (inexistants), elle darda sur moi son regard bleu acier et eu ces mots :
– Madame C……., le choix, pour vous va être très simple ! Choisir les médicaments, ou les mots !
– Quoi ? Pardon ??? Je ne comprends pas !
– Très bien, je vous explique : Il existe toutes sortes de médicaments pour éradiquer les boutons. Je peux vous en prescrire. Ils feront effet. Vous retrouverez votre visage initial dans quelques jours…et puis ça reviendra, encore et encore…..Ou alors…
– Quoi ?
– Vous dites à votre mari, votre mère, vos collègues ou qui que ce soit qui a causé ces apparitions, d’aller se faire voir !
– Mais……
– Je pense que vous savez très bien de qui je parle !
– Mais, comment avez-vous deviné ?
– Mme C….., je prends ma retraite dans une semaine exactement ! Alors, croyez-moi, des cas comme le vôtre j’en ai vu des centaines ! Voyez-vous, les mots que vous refusez d’exprimer, sortiront de toutes façons. Autrement !
Devant sa tranquille assurance et ce qui semblait découler du bon sens, j’ai pris mon courage à deux mains, choisi la solution deux et, le soir même, eu une sérieuse discussion avec qui de droit.
Le lendemain, à mon réveil, mon premier réflexe fut de toucher mon visage et de deviner que ma peau désertait le relief montagneux de la Basse-Terre pour revenir au calme plat de Petit-Canal, ville que j’habitais à l’époque.
Je dois préciser qu’à cette période de ma vie, j’avais aussi arrêté d’écrire, pour des raisons trop longues à expliquer ici.
Je m’étais donc privée de parole orale et écrite ! Quelle erreur ! Les mots se révoltaient et voulaient reprendre leur place dans ma vie ! Une place prépondérante, puisque d’eux, dépendait en partie ma santé.
J’ai repris mon droit à la parole, mais plusieurs années s’écoulèrent avant que je ne m’empare de la plume, pour ne plus jamais la lâcher !
Aujourd’hui, je parle, je crie, je hurle, je susurre, je dilue mes émotions par écrit, et j’exhorte tout le monde à en faire autant. Au travers des ateliers d’écriture que je dispense, de mes accompagnements, je poursuis sans relâche cette tâche.
Alors, en 2022, en plus de toutes vos résolutions, n’hésitez pas à, saisir votre stylo, tapoter sur votre clavier, pour dire, expliquer, parler, avec douceur ou fureur, laissez votre plume s’envoler, encore et encore, les retombées, pour vous, seront délectables !
A vos stylos !
J’ai débuté ce billet avec la citation de Freud qui associait l’écriture à la magie.
Je propose de vous en faire la démonstration et de l’utiliser à votre tour lors d’un atelier que je dispenserai le 23 Janvier,* un atelier au cours duquel vous pourrez, tels des magiciens, prévoir votre année à venir ! Etonnant et instructif !
A très bientôt !
Corine DOSSA.
* Me contacter par Facebook ou instagram « Demotsamots » pour tous renseignements sur les ateliers ou les accompagnements à l’écriture.