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Le plus beau des mensonges…

Hummmmmm, Le plus beau des mensonges …

Le plus beau des mensonges est celui que l’on fait par amour.

Dit comme ça, tout le monde acquiescera, trouvera noble une telle abnégation ! Se dédire, faire dos à la vérité, que de grandeur ! Mais je vous arrêterai très vite dans ce délire égotique ! Car je ne pense pas qu’ici, nous parlions de la même chose ! Cacher une information sans grand enjeu à un être aimé afin de lui éviter une contrariété, une douleur ou une souffrance, oui, c’est compréhensible, admissible, et parfois même généreux !

Mais ce à quoi je pense, ici, c’est au grand mensonge amoureux ; Le grand, l’énorme, l’éléphant rose dans le salon qu’on feint de ne pas voir . Cette vérité que nous nous cachons est celle qui nous  fait museler notre instinct lorsque nous rencontrons un être dont nous tombons amoureux . Il est là, devant nous et en nous, nos sens en émoi, nous le désignent comme LA personne que nous attendions ! Celle qui nous était destinée et qui va venir réparer les erreurs de tous les bras cassés qui ont parsemé notre chemin et ont chahuté nos émotions.

Ou encore, lorsqu’on est tout jeune, on se représente alors ce premier amour comme parfait, unique, créé à notre seul.e intention, notre moitié d’orange.

Lorsqu’aujourd’hui, avec le peu de sagesse dont la vie m’a forcée à m’habiller à coup de claques et d’expériences, je regarde mon passé  plus ou moins agréable, je peux vous certifier ceci : 

Notre instinct ne nous ment jamais. Il sait ! Il se démène pour nous montrer l’éléphant rose ! Parce qu’il nous sait têtu, obstiné, feuilletant, jour après jour avec frénésie la romance dont nous sommes l’héroïne ou le héros, il se débrouille pour semer sur notre passage, des preuves de sa sagesse.

Au détour d’une conversation, l’amoureux.se sortira une énormité qui nous glacera d’effroi, avant que notre cerveau, bien rodé ne se dépêche d’y faire couler un shoot d’adrénaline qui, aussitôt, nous dégèlera. Pugnace, notre instinct nous mettra ensuite sur la route une attitude, un évènement, un comportement contraire à notre éthique, nos projets ou notre vision. Là, encore, on lui demandera, avec gentillesse d’abord, puis avec force, de se taire !( Et ça, c’est quand on est poli) !

Persévérant, cette intuition, qui ne veut que notre bien, souhaitant nous protéger, convoquera nos amis pour en faire les témoins de nos dérives, de nos renoncements, de notre oubli de qui nous sommes. C’est ainsi que ceux-ci nous souffleront à l’oreille :

– Mais quand même ! Je ne te reconnais plus ! Tu es sûre de toi ? Cette personne a des idées quand même bien différentes des tiennes ! Parfois même, à l’opposé !

On lui demandera alors , plus ou moins poliment de s’occuper de ses affaires ! On est majeur et vacciné !

Et puis, cahin caha, on essaiera de faire fonctionner ce chariot à la charge bien déséquilibrée ! Les graines de courges essaieront de ne pas faire attention aux  viandes bien dodues  et bien grasses du partenaire, dans le frigo , les piles de livres regarderont avec désolation l’immense télé écran plat, indispensable à la survie de l’autre, les billets d’avion trépignant d’impatience se demanderont avec désespoir quand est-ce que les charentaise se décideront à laisser ces pieds aller fouler le sable fin et chaud des caraïbes…

On essaiera, encore et encore ! Ce partenaire est le nôtre ! Nous l’avions tout de suite reconnu parmi les 7 millions d’êtres humains sur terre ! Il suffit de patienter ! C’est lui, (ou elle) qui n’a pas encore compris que le nid de notre vie commune a été tressé dans mon cerveau à moi ! Une fois qu’il l’aura compris, il s’écriera  :

– Mais oui, mais c’est bien sûr ! Et tout ira mieux, tout sera parfait .

Vous voyez où je veux en venir ?

C’est là qu’il est, le grand mensonge amoureux ! Dans le refus de voir l’évidence présente, là, dès le début ! Dans le refus de croire que ce feu qui nous a embrasé dès la première rencontre avec l’autre  n’était qu’un feu de paille qui cachait une personnalité au mieux, différente, au pire opposée à la nôtre !

Le grand mensonge est dans ces reproches qu’on lui fait :

– Tu as changé….
– Je découvre une facette que je ne connaissais pas…
– Si seulement je savais…

Mais, justement, tu le savais, mon ami ! Mais sciemment, consciemment, tu as choisi de de na pas voir l’éléphant rose dans le salon.

Tu as choisi de faire, à cette personne que tu prétendais aimer, le pire des mensonges….Par amour ?

Amour, Billet d’humeur, Mensonge