L’extraordinaire pouvoir du pardon
Cela faisait longtemps que je voulais me pencher sur le pardon et ce qu’il implique. Non seulement émotionnellement ou psychologiquement, mais aussi physiquement. Les spécialistes sont unanimes : non seulement pardonner permet d’avancer en toute liberté, mais apporte aussi de nombreux bienfaits pour la santé. Nous avons tous, dans notre cœur, des douleurs du passé qu’il faut évacuer, et cela, dans notre propre intérêt. Voici pourquoi.
Le pardon transforme la colère et la blessure en guérison et en paix intérieure. Le pardon peut nous aider à surmonter des sentiments de dépression, d’anxiété et de rage, ainsi que des conflits personnels et relationnels. Il s’agit de prendre la décision consciente de se défaire d’une rancune.
Pourquoi voudrait-on pardonner à quelqu’un qui nous a fait du tort dans le passé ? La question n’est pas de faire comme si notre douleur n’existait pas, ou d’oublier le passé. Cela ne signifie pas non plus que nous allons tendre la joue à d’autres relations néfastes avec un patron tyrannique, un collègue malsain, un parent ou un conjoint qui nous a maltraité. Il s’agit simplement de nous libérer afin de pouvoir avancer, sereinement dans la vie. Nous devons au contraire comprendre ce qui s’est passé.
Le pardon signifie abandonner les souffrances endurées et être capable d’aller de l’avant avec un potentiel de liberté intérieure bien plus grand.
De plus, en pratiquant le pardon, selon les recherches scientifiques, il existe des réels bienfaits pour notre santé. D’un point de vue physique, le pardon permettrait une diminution du rythme cardiaque et de la pression artérielle ainsi qu’une réduction générale du stress. Il est également associé à l’amélioration des symptômes physiques, à la réduction de la fatigue chez certains patients et à l’amélioration de la qualité du sommeil. Sur le plan psychologique, il a été démontré que le pardon diminue l’expérience du stress et des conflits intérieurs tout en rétablissant simultanément des pensées, des sentiments et des comportements positifs.
Le problème pour beaucoup d’entre nous est que nous pouvons parfois choisir de pardonner à autrui, mais au fond de notre cœur, la colère ou le ressentiment persistent. Cependant, il est en fait possible de pardonner et de laisser réellement partir les déceptions, les blessures ou les agressions du passé. Bien que cela puisse parfois sembler invraisemblable, le pardon est une compétence qui peut être enseignée et apprise et qui peut s’améliorer considérablement avec la pratique au fil du temps.
George Vaillant, chercheur et médecin à Harvard, décrit le pardon comme l’une des huit émotions positives qui nous permettent de rester en contact avec notre moi le plus profond et avec les autres. Il considère ces émotions positives comme des ingrédients clés qui nous lient ensemble dans notre humanité et elles comprennent l’amour, l’espoir, la joie, la compassion, la foi, la crainte et la gratitude. Que l’on ait un penchant spirituel ou non, la recherche soutient l’idée que le développement d’émotions positives plus fortes nous aide à mener une vie plus saine, plus heureuse et plus connectée. Lorsque nous pardonnons et développons ces autres émotions positives, nous devenons moins encombrés par les cicatrices du passé.
La question demeure : Comment abandonner une rancune et pardonner à quelqu’un qui nous a blessé, déçu ou trahi ? Fred Luskin parle de la façon dont nous développons notre histoire de rancune dans son livre « Forgive For Good ». Notre histoire de doléances est celle que nous racontons sans cesse à nous-mêmes, et éventuellement à d’autres, sur la façon dont nous avons été maltraité et dont nous sommes devenu la victime. Luskin nous apprend à présenter notre histoire de manière à ce que nous devenions un survivant des moments difficiles ou, mieux encore, le héros de notre histoire.
Voici un modèle de stratégie élaboré par le Docteur Randy Kamen*, psychologue et auteur, d’après ses études et d’autres recherches :
1. Cherchez profondément la racine de votre colère ou de votre rancune. Examinez la situation honnêtement, sans embellir ni arranger à votre sauce les détails. Faites attention à la façon dont cette colère vous retient et vous tient en otage dans votre propre existence quotidienne.
2. Revoyez votre histoire douloureuse et réorganisez-la de manière à ce que vous ayez le dessus sur la situation. Peut-être avez-vous choisi de vous désengager ou de limiter le temps passé avec un ami ou un membre de votre famille qui vous a toujours fait du mal. Peut-être avez-vous quitté un partenaire toxique. Vous avez eu le courage de quitter un emploi qui vous détruisait. Trouvez la petite note positive à cette situation. Vous avez en effet été le survivant et le héros de votre propre histoire. Examinez les forces que vous avez développées à la suite de cette situation. Être blessé(e) ou déçu(e) peut être une invitation à un emprunter un nouveau chemin de vie plus épanouie.
3. Développez votre capacité d’empathie et de compassion envers vous-même car vous vous êtes retrouvé dans une situation douloureuse. Vous faire des reproches ne va pas vous aider à passer à autre chose. Souvenez-vous aussi que les agresseurs ont généralement été eux-mêmes maltraités. Sans accepter leurs comportements inexcusables, essayez de comprendre la douleur et la souffrance qu’il ou elle doit endurer. Vous pouvez comprendre et pardonner sans accepter un comportement déplorable ou abusif.
4. Créez de nouvelles associations avec votre ancienne histoire de souffrance ou de déception. Par exemple, vous pouvez vous inventer un rituel qui signifie la fin des choses telles qu’elles étaient et qui soit une façon de dire adieu au passé tel que vous l’avez vécu. Accueillez dans votre nouvelle vie l’amour et la bienveillance. Allumez une bougie, par exemple, pour symboliser la luminosité du moment et des jours à venir, ou inviter un ami à célébrer la fin d’une époque et le début d’une nouvelle phase de votre vie.
N’oubliez pas que vous ne pouvez pas contrôler les autres, mais vous pouvez contrôler vos propres choix. En continuant à donner une autre forme à votre histoire douloureuse, en devenant le héros de cette histoire, en développant de l’empathie et de la compassion pour l’agresseur et en mettant en lumière vos points forts – vous commencerez sans doute à prendre conscience qu’un changement s’opère en vous. Vos sentiments de colère et de tristesse vont se dissiper. Et vous allez vous épanouir en développant votre estime de soi, tout comme vos relations.
*Source: “The power of forgiveness” de Randy Kamen, Huffpost
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Binason
Cette approche égoïste, autocentré, du pardon, qui fait table rase de l’autre, évacue l’autre — je pardonne à l’autre pour moi, pour me sentir mieux — m’embête un peu au regard du sens altruiste du pardon, en tant que catégorie de la pensée chrétienne, qui est la première idée qui me vient à l’esprit lorsque j’envisage le pardon…
Pour le reste, je valide