Mais pour qui te prends-tu ?
Hummmmmm, Mais pour qui te prends-tu ?
Lorsque j’étais enfant, au Bénin, j’adorais tresser les cheveux de mes amies. J’allais à l’école avec, en poche, le fil à tresser adéquat, et, pendant la récréation, j’ordonnais à telle ou telle copine de me suivre derrière le bâtiment de la directrice. C’était, paradoxalement, l’endroit idéal pour opérer en toute tranquillité. Ma victime/complice obtempérait car elle avait compris qu’elle en ressortirait magnifiée par mes mains. En 20 minutes, je lui confectionnais une savante coiffure dont elle se gargariserait le reste de la journée. Jamais je ne me comparais aux autres. J’avais cette certitude : j’excellais dans l’art de la coiffure à l’Africaine. Point.
A quel moment entre l’enfance et l’âge adulte perdons-nous cette confiance, innée ? Cette manière, sans dévaloriser les autres, de nous dire :
Je ne suis pas meilleur.e à qui que ce soit, MAIS, Personne n’est meilleur.e que moi !
La différence est de taille, mais tout aussi subtile. C’est l’écart entre la flamboyante prétention et la tranquille assurance.
On oublie avoir été un jour aussi plein de certitude. Et il arrive que, sur notre parcours, on entende quelqu’un exprimer ce sentiment, et, miraculeusement, ces quelques mots changent la donne ! Des portes qui, jusque- là, ou même depuis peu, semblaient fermées, s’ouvrent instantanément !
Ces portes dont je parle, celles cadenassées à double tour par notre conditionnement sont, vous l’aurez compris, les portes de Notre esprit !
Cette phrase, je l’ai entendue hier, « Je ne suis pas meilleure à qui que ce soit, mais personne n’est meilleur que moi !!! », et elle tombait à point nommé ! J’étais sur un travail qui n’avançait pas. Bloquée par des doutes qui obstruaient ma pensée ! Chaque fois que filtrait un espoir de réussite, ce personnage m’attendait au tournant suivant ! Quel personnage ? Mr le géant : Le syndrome de l’imposteur ! Il m’observait, ricanait ! « Mais tu te prends pour qui ? Tu crois quoi ? Qu’on n’attend que toi ? D’autres, bien plus talentueux et plus chevronnés que toi ont emprunté la même voie ! Tu n’as aucune chance de te faire remarquer, et donc zéro chance de réussite ! ». C’est alors que, légèrement découragée (Il n’en faut pas plus), je baissais les bras. Réalisant ma prétention, presque de la morgue.
Et puis, cette phrase est venue détendre les nœuds dans mon esprit. Subitement, je réalisais que, non, ce n’était pas de la prétention ! Ce que je pouvais apporter dans ce travail, personne d’autre n’aurait pu y prétendre. Personne n’avait mon expérience (aussi modeste soit-elle), mon vécu, mon mode de pensée. Et cette approche, nous y pensons rarement. Nous sommes bien plus prolixes à énumérer les qualités et atouts des autres. Quand vient notre tour, encéphalogramme plat. Et savez-vous pourquoi ? D’abord parce que, notre éducation, bien souvent nous a imposé l’humilité.
- Pour qui tu te prends ? est une phrase que nombre d’entre nous ont beaucoup entendu !
Comme frein à notre déliquescence, c’est parfait ! Si je devais coller une image à ces 5 mots, ce serait celle d’une fleur en pleine éclosion qui, d’un coup, se rétracte et se renferme, perdant ainsi son éclat, et refusant de contribuer à éclairer le monde de sa lumière. C’est le genre de phrase qui donne un coup d’arrêt à notre épanouissement, et qu’on a tellement bien intégré que, finalement, on n’a même plus besoin des autres : Notre inconscient nous le ressert automatiquement, à volonté et à foison, et de plus en plus lorsqu’il constate que ça fonctionne parfaitement !
Une autre explication vient du fait que nous ne valorisons pas ce que nous faisons facilement. Seul ce qui nous semble difficile, mérite qu’on s’y arrête ! C’est ainsi que nous allons nous congratuler pour ce que nous avons réussi et qui nous semblait insurmontable, ou tout simplement compliqué ! Je ne dis pas que ce soit une mauvaise chose. Nous avons raison de nous exhausser. Mais, ce que nous devons comprendre, c’est que ce qui nous semble facile, naturel, ne l’est pas forcément pour les autres et mérite tout autant que le reste, d’attirer notre attention, mérite notre estime. Dans cette cour de récré, coiffer mes copines était d’une grande simplicité pour moi, et pourtant, forçait l’admiration de mes congénères.
Les personnes confiantes, sûres d’elles, sont justement celles-là, celles qui, sans même se comparer aux autres ont juste conscience de leur valeur ! Lorsque nous perdons cette assurance, une autre manière de nous remettre en selle et d’avancer dans nos projets est de répondre à cette question, souvent citée par le coach David Laroche : « Si je ne le fais pas, existe-t-il une seule personne, sur cette planète, qui, dans les mêmes conditions, pourrait réaliser ce travail, réussir ce projet » ?
La réponse est oui, Toujours ! Cette question, en quelques secondes démonte nos arguments les plus ancrés. Elle déshabille nos peurs et nous les présentent, dans leur nudité : A nous le choix : Fuir ou enfiler un autre costume : celui de la détermination, par exemple ?
Alors, la prochaine fois que votre inconscient vous narguera d’un : « Pour qui te prends-tu » ? Vous saurez que c’est votre diable intérieur, c’est son travail, il veut vous garder sauve, dans votre zone de confort. Mais c’est à vous que revient le choix : Le nourrir, faire la sourde oreille, ou lui dire : « La ferme »! Vous voyez comme il se délite là ? Et, oui, ça fait sacrément du bien, de reprendre les rênes, quel que soit le domaine !
Choisissez la bonne attitude ! 🙂 Pour qui je me prends ? Pour moi. Dans toute ma puissance et toute ma splendeur !