Mur de la paix à Paris : Une fresque murale au service de l’éducation
Pour l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ». Pour donner du sens à cette vision et permettre aux plus jeunes de s’imprégner d’un certain nombre de valeurs susceptibles de faire avancer le monde, il faut que l’éducation débute dès le plus jeune âge. L’artiste Sylvie Laporte l’a compris, elle qui a initié le projet LE MUR DE LA PAIX au sein du collège Edmond Michelet, un établissement situé dans le 19 ème arrondissement de Paris. Il s’agit d’une fresque murale historique mettant en avant des personnalités, icônes de la non-violence et du pacifisme ayant jalonné l’histoire de l’Humanité. Y sont représentées, des figures comme Socrate, Martin Luther King, Mère Theresa, Bob Marley, Nelson Mandela, Rosa Parks, etc. La réalisation a impliqué autant les artistes que les collégiens, sur un projet ludique qui a permis de joindre l’utile à l’agréable. Le but était aussi d’aborder la problématique de la non-violence en milieu scolaire.
Sylvie Laporte est une artiste comédienne, auteure-compositeur, interprète. Cette Française d’origine malgache se définit comme une artiste polyvalente : « J’ai beaucoup travaillé au théâtre et au cinéma tout en menant une carrière musicale intense. J’aime les artistes qui ont plusieurs cordes à leur arc, et je me suis donnée cette ligne de conduite depuis l’enfance ».
Ayant étudié au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris, elle est très engagée dans ses productions. Lesquelles s’opposent principalement au racisme, à la discrimination, à la pauvreté, à la misère, à l’intolérance, aux injustices. L’idée du projet Mur De la Paix lui est venue alors qu’elle était présidente d’un Conseil local de Fédération des Parents d’élèves. C’est là qu’elle a découvert des faits divers d’incivilités au collège Edmond Michelet, et elle en a été profondément choquée. D’où sa détermination à faire bouger les choses : « J’ai eu envie de taguer avec une bombe noire « STOOOOP » sur le mur gris, triste et très délabré de la cour de récréation de ce collège afin d’exprimer mon effarement et ma décision d’intervenir ». C’est dès lors devenu pour la comédienne une évidence et une nécessité absolue de faire intervenir l’art dans ce collège.
La première phase de ce projet était de restaurer le mur délabré du collège. Pour elle, il fallait assainir ce mur qui « contenait peut-être de l’amiante ». C’est par la suite que la chanteuse a sollicité la mairie de Paris et aussi réussi à mobiliser les fonds nécessaires à la réalisation de la fresque murale. L’objectif premier, pour elle, était « de vaincre la violence en milieu scolaire par le vecteur de la peinture, de l’art graphique en amenant à une réflexion des enfants sur l’Histoire de l’Humanité ». Pour y parvenir, Sylvie Laporte a fait appel à plusieurs formes d’art, notamment le théâtre, le cinéma, la photographie. C’est, pour elle, une autre façon d’apprendre et de s’emparer du savoir. Pour la réalisation de la fresque, la comédienne a bénéficié du concours du peintre Ernesto Novo, un « artiste peintre citoyen » très engagé et spécialisé dans les portraits réalistes. Il a eu à peindre des personnalités célèbres comme Lumumba, Michael Jackson, Prince… Il peint sur de nombreux supports et nombre de ses œuvres décorent plusieurs murs à travers le monde. Il a été assisté par six autres talentueux artistes. Le choix des personnalités peintes a été fait de manière consensuelle avec les artistes qui ont participé à la création de la fresque. Mais aussi avec des acteurs du monde culturel parisien, des professeurs du collège Edmond Michelet et des citoyens à travers des forums associatifs organisés. Au final, Sylvie Laporte et Ernesto Novo ont fait le choix de 18 personnalités.
Les collégiens, quant à eux, ont sélectionné les citations devant accompagner les portraits en même temps qu’ils ont assisté à l’élaboration de la fresque. Cela leur a permis d’aborder avec le peintre la valeur du travail et la détermination pour aller au bout d’un rêve. Pour Sylvie Laporte, les collégiens sont d’abord gardiens de cette œuvre : « Ils sont garants de ces belles valeurs qui les aident aussi à modifier leurs comportements. Il faut leur faire confiance, car ce collège est un collège très ’‘cosmopolite’’. Chaque jour, ils se confrontent aux croyances de l’autre. Parfois, ils s’affrontent. Maintenant ils en parlent et acceptent ». Le directeur de l’établissement a eu l’idée de demander des grilles de protection afin que les collégiens puissent continuer aussi à jouer au ballon sans risquer d’abimer la fresque qui, il convient de le souligner, est également devenue un véritable outil pédagogique. Ces portraits seront sans aucun doute des ouvertures pour aborder leur programme.
Persuadée que la femme a un grand rôle à jouer dans la pacification et la médiation de tous les conflits qui sévissent, Sylvie Laporte a coopté la comedienne Firmine Richard comme marraine de ce projet. « Firmine Richard c’est une personne simple, et je savais qu’elle saurait parler aux enfants, qu’elle saurait comprendre leurs problèmes, qu’elle saurait accueillir leurs familles, leur parler humblement et humainement », a déclaré Sylvie Laporte.
Une fois le confinement terminé, l’artiste, qui a déjà créé un atelier de théâtre nommé « atelier Rosa Parks », prévoit une série d’évènements pour ouvrir les portes du collège au public, avec le concours de l’Académie de Paris. En parallèle de son engagement citoyen, Sylvie Laporte continue à mener avec brio sa carrière de chanteuse. La preuve, elle a récemment sorti un album de onze titres. Cet opus, elle attend le déconfinement « avec un total risque zéro » pour le dédicacer en live au cours d’un concert à venir.
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