Quand l’égo en prend un coup !
Hummmmm, Quand l’égo en prend un coup !
Hier, mon égo a pris un coup. Un gros coup. En réalité, il a morflé. Et moi, j’ai, été dépitée. L’espace d’un instant. Bon, plus qu’un instant, Je dois avouer que cela a duré une bonne heure. Au cours de laquelle je me suis sentie petite, insignifiante, quasi inexistante.
Sale sentiment. Pas agréable du tout !
Bon, je vous raconte ! Je vis en Guadeloupe. Une île intégrée politiquement en France, mais oubliée économiquement de la marâtre patrie. Pour résumer, je dirais, prenez n’importe quel problème de la France et multipliez-le par 4 pour certains, 10 pour d’autres, et vous aurez une idée de la raison pour laquelle je pense que la Guadeloupe et les DOM-TOM en général sont les îles Cosettes de la France.
Au moment où j’écris ce billet donc, nous y vivons une révolte qui, quel que soit la raison évoquée, est, au final, une révolte sociale. Qui ne surprend pas ceux qui connaissent les difficultés inhérentes à ce pays. L’un des moyens d’expression de ce cri que poussent les Guadeloupéens est le barrage des routes. Depuis 10 jours, il est très difficile, voire impossible pour certains de se déplacer en voiture. Je suis dans ce cas. Je vis dans un quartier devenu principauté enclavée dont on ne pouvait ni entrer, ni sortir depuis 9 jours.
Et puis, hier, une éclaircie. Brève. L’espace d’un instant, les forces de l’ordre (Et parfois du désordre), ont libéré la route des gravats et débris qui y étaient entassés.
Vite, mon voisin et moi nous sommes organisés pour passer la ligne de démarcation entre nous et les échoppes où nous pourrions nous ravitailler en vivres ! Au passage, nous avons récupéré un autre voisin d’un âge certain.
En faisant du covoiturage, nous faisions des économies d’essence (celle-ci est rationnée) et nous ne prenions pas le risque de nous retrouver à 3 voitures empêchées de rentrer chez nous.
Secrètement aussi, je dois l’avouer, je me disais qu’avoir avec soi un vieux sage, un « ancien », pourrait éventuellement ramollir le cœur des garde-frontières qui nous laisseraient plus facilement passer en cas de fermeture des frontières de notre quartier à notre retour.
Le trajet fut agréable. Nous avons devisé avec joie. La perspective de pain et fruits frais et d’autres denrées participaient probablement à notre joie. Je venais de faire la connaissance du voisin âgé qui nous accompagnait. Il me raconta avec moult nostalgie, sa vie passée. Ce fut un éminent avocat, une personnalité importante de l’île à l’époque, et il était le descendant d’une des grandes familles de l’île. Je me doutais de ce dernier fait car la maison qu’il habite en était le reflet ! Une magnifique maison de style Louisiane qui enflammait mon imagination de romancière à chaque fois que je m’y arrêtais. Moi, en retour, lui avais appris que j’étais romancière et il sembla montrer un intérêt évident pour mes livres. Il me pria de lui apporter un exemplaire de mon dernier roman, car il était un grand lecteur. Cette perspective me réjouis grandement.
Le retour fut rapide et c’est avec soulagement que nous avons constaté que le barrage n’était pas encore remis ! ( Il le sera 30 minutes après notre passage) ! Le premier à être déposé fut ce Monsieur. On échangea encore quelques sympathiques paroles à 3, et il prononça cette phrase :
– Je vous invite, ce soir, à prendre l’apéro.
Ce à quoi je répondis du tac au tac :
– Oh, merci ! J’en profiterai pour vous apporter mon roman. J’en garde quelques exemplaires en réserve !
Et là, grand silence ! Lui, son épouse qui était apparue sur le perron à notre arrivée ainsi que le deuxième voisin entamèrent une drôle de chorégraphie : Ils se regardaient, me jetaient furtivement un coup d’œil, puis observaient avec grande attention leurs orteils ! Puis se regardaient encore et ainsi de suite !
D’abord déboussolée, ! Je retrouvai subitement le nord et exprimai :
– Oh, désolée ! Vraiment, excusez-moi ! Je n’avais pas compris ! Désolée. Je vous apporterai néanmoins mon livre comme promis ! Désolée encore !
Je retournai dans la voiture qui sembla le meilleur des abris pour cacher mon humiliation. Et je remerciai le ciel, une fois encore de m’avoir offert cette peau ébène, sublime camouflage lors de ces instants embarrassants ! J’avais naturellement pensé être incluse dans l’invitation à l’apéro, mais que nenni ! Ces Messieurs et dames ne m’estimaient pas dignes de leur monde ! Depuis le temps que je vivais dans ce quartier, c’était la troisième ou quatrième fois, que je subissais ce que mon égo prenait pour un affront ! Mais qui n’en n’était pas un dans leur réalité. Ils se connaissaient tous, dans cette rue depuis la construction de ce lotissement, il y a une trentaine d’année. Ils avaient tous occupé des postes « importants » et eu ce qu’ils considéraient comme « Une grande carrière » ! Ils s’estimaient du même monde ! Moi, je n’étais là que depuis quelques années, ils ne me connaissaient pas et supposaient, d’office, que je ne méritais pas d’entrer dans leur cercle. Je le savais d’autant mieux que j’avais vu, depuis mon arrivée, deux voisins arriver et qui, eux, furent immédiatement intégrés ; Mon voisin le plus proche me les présentaient toujours en me débitant leur CV ! Je ne me rappelle plus de leurs noms, mais je sais que tel est médecin, sa femme stomatologue, tel autre est le directeur d’une grande enseigne de la place, son épouse une grande ponte de l’hôpital etc….
Je suis rentrée chez moi, dépitée, me sentant humiliée. Mais comme je vous l’ai dit, ceci n’a duré qu’une heure ! Au bout de cette heure, mon esprit, extrêmement bien reformaté et continuellement en apprentissage a repris les reines. Il m’a montré de ces Messieurs, une autre face : Celle de vieux Monsieurs, tellement emplis de leur supposée importance due à leur glorieux passé, qu’ils ne laissent plus de place à leur présent ! Et ça, c’est bien triste, car, comme je l’ai entendu quelque part :
Le passé est une histoire
Le futur, un mystère
Le moment présent : Un don
C’est pourquoi il est appelé présent : Comme présent, un cadeau. Alors moi, je décide d’accepter mon présent tel qu’il est : Comme un cadeau de l’univers pour me dire : « Reviens toujours à toi, à l’essentiel. Accepte cette leçon, et surtout, ne te trompe pas sur ce qui est important ». Voilà. Forcément, par moment, je vais vaciller, mais je garde en tête l’objectif : Revenir, à moi, à la simplicité, à l’attention aux autres……