Rose Christiane Ossouka Raponda, première femme cheffe du gouvernement gabonais
Après Élisabeth Domitien (première ministre de la République centrafricaine,- 02 janvier 1975 – 07 avril 1976-, Rose Christiane Ossouka Raponda est la deuxième femme de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) à avoir occupé ce poste. Pur produit du système Bongo, sa nomination à la tête du gouvernement depuis le 16 Juillet 2020 est diversement appréciée par les observateurs politiques. Un véritable coup de com pour le Président Bongo.
Parcours d’une « première partout »
Née en 1964 à Libreville, Rose Christiane Ossouka Raponda est diplômée de l’Institut gabonais de l’économie et des finances. Perçue comme une femme de caractère, la native de Toulon est bien connue des Gabonais. Membre du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG). Au début des années 2000, elle fut nommée directrice générale de l’Économie, puis directrice générale adjointe de la Banque de l’habitat du Gabon. Les résultats satisfaisants obtenus à travers ces différentes stations facilitent son entrée dans le gouvernement. En 2012, elle devient ministre du budget, des Comptes publics et de la Fonction publique dans le gouvernement de Raymond Ndong Sima. Sous la bannière du parti au pouvoir, elle participe aux municipales de décembre 2013. Elue conseillère du 3e arrondissement de Libreville. Rose Christiane devient un mois plus tard la première femme maire de la ville. En tant mairesse, elle a eu à effectuer d’importantes réformes et réussir à remettre sur les rails les finances de l’hôtel de ville de la capitale. A l’issue de son quinquennat, elle laisse un excédent budgétaire de 27 milliards de francs CFA. Une prouesse réalisée dans une période où les détournements ou malversations sont légion. Le 12 février 2019, elle est nommée ministre d’État, de la Défense nationale et de la Sécurité du territoire dans le gouvernement de Julien Nkoghe Bekalé. Une nomination qui intervient après la tentative de coup d’État de janvier 2019. Elle n’aura passé que sept mois à la tête de ce ministère stratégique. Le 16 juillet 2020, elle remplace officiellement Julien Nkoghe Bekalé qui occupait le poste de premier ministre depuis le 12 janvier 2019.
Une nomination en pleine crise sanitaire
Un mois après l’adoption de la dépénalisation de l’homosexualité par le Parlement gabonais, Rose Christiane Ossouka Raponda est nommée première ministre. Coïncidence ou changement de politique ? En tout état de cause, elle n’a pas suscité l’enthousiasme du côté d’une partie de la société civile gabonaise. Sur Twitter, le secrétaire exécutif de Brainforest une association de lutte pour la protection de l’environnement a qualifié la nomination de Rose Raponda de « simple jeu de chaises musicales ». L’abbé Bruno Ondo Mintsa, président de la plate-forme « Réagir », membre de la coalition « Tournons La Page » pense que cette nomination est un « coup de pub ». Tout de même, Le cabinet de la présidence communique qu’elle est chargée « d’assurer la relance économique et l’accompagnement social nécessaire en raison de la crise mondiale liée au Covid-19 ». Elle pourrait se servir de son expérience d’économiste et de son passage aux différents postes de responsabilités, pour relever le défi.
Dans un pays qui figure parmi les plus riches d’Afrique, mais qui a un taux de pauvreté qui dépasse les 30% et une corruption endémique qui retarde son développement, diriger le gouvernement avec une politique de riposte et de résilience face au COVID-19 ne sera pas facile.
Conformément aux dispositions de l’article 28a de la Constitution, elle a obtenu, le 04 Septembre dernier, la confiance des élus du peuple lors de son grand oral. « Il nous faut accélérer l’exécution des projets en partenariat public-privé, rendre lisible l’action de l’État en matière d’investissement public, poursuivre l’exécution des projets d’investissements en cours et restaurer la confiance des investisseurs en améliorant l’environnement des affaires », a-t-elle martelé devant les députés pour relever l’économie du pays touchée par la pandémie.