Sénégal – Bajénu Gox ces médiatrices communautaires devenues incontournables
Elles sont présentes dans presque tous les quartiers des banlieues sénégalaises, ces dames qui jouent le rôle de relais auprès de l’Etat et des ONG, quand il y a une communication pour un changement de comportement à faire passer. Communément appelées Bajenu Gox qui veut dire la tante du quartier, elles sont devenues incontournables dans les politiques de sensibilisation.
Une légitimité naturelle
« Je n’ai jamais réclamé ce titre, je me rappelle un jour, une amie m’avait mis en rapport avec une dame qui travaille avec une ONG sur la santé de reproduction des jeunes filles. J’ai travaillé avec eux sur la sensibilisation et les causeries… et depuis, dans le quartier on m’appelle Bajenu Gox parce qu’après j’ai continué à jouer le rôle de relais pour d’autres personnes ou structures », nous a confié mère Astou, Bajenu gox à Guédiawaye, dans la banlieue Dakaroise. Ce qui veut dire que pour la plupart du temps, le choix s’opère de façon naturelle. Mais tel n’est pas le cas dans toutes les localités, car il arrive que des promoteurs les réclament dans des quartiers où elles sont absentes. Dans ce cas, les femmes se concertent et désignent celle qui portera cette casquette.
Des médiatrices communautaires
À l’instar des chefs de quartier ou chefs de village, elles sont souvent sollicitées pour le règlement des conflits familiaux. « Je peux dire qu’actuellement, c’est ce qui constitue l’essence de mon travail. Il ne se passe pas une semaine sans que je ne sois interpellée pour une brouille entre voisins », indique toujours notre interlocutrice. Ces dames facilitent aux chefs de quartiers leur travail, d’une part, d’autre part, cette prérogative est à l’origine de confusions entre ces deux responsables communautaires. Elles sont accusées parfois de se mêler des problèmes qui ne les concernent pas, surtout les différends provenant des couples.
Une responsabilité différemment exercée
Si les unes outrepassent la fonction primaire de cette responsabilité, les autres se limitent strictement à la sensibilisation et la communication. C’est selon la carrure de la femme et ses relations avec les riverains. Il n’est pas donné à toute personne d’avoir les arguments pour régler certains problèmes délicats ou bien avoir la confiance des autres au point d’intervenir dans leur intimité. Ce qui renvoie au choix de ces bajenu gox. Elles sont obligées d’être en bon terme avec tout le monde pour un bon accomplissement des tâches qui leur sont assignées. Selon notre interlocutrice, dans certains quartiers, le travail se fait facilement dans la mesure où il y a une forte adhésion de la masse féminine, autrement dit, les associations ou mouvements des femmes sont très actives et n’attendent pas pour s’investir.
Des domaines d’intervention divers
Des tout-petits en passant par les adolescents jusqu’au troisième âge, elles interviennent… Il n’y a pas de tranche d’âge exclue pourvu que cela concerne la famille, elles entrent en jeu pour aider les autres à avoir une meilleure compréhension du projet ou programme. Elles font leur travail gratuitement. Elles se satisfont des per diem et gratifications perçues rarement dans certaines activités.
La prépondérance du rôle de ces bajenu Gox est à demander aux autorités qui inscrivent maintenant leur nom sur tous les projets. Les programmes de vaccination, la planification familiale, l’usage des moustiquaires imprégnées entre autres initiatives doivent une partie de leur réussite à ces dames.