La presse, le quatrième pouvoir
Naomi Osaka s’est retirée de Roland-Garros après avoir reçu une amende de 15 000 dollars pour avoir refusé de répondre aux questions des médias.
“Salut tout le monde, ce n’est pas une situation que j’ai imaginée ou prévue lorsque j’ai posté il y a quelques jours”, a-t-elle écrit dans un communiqué lundi, en référence à la controverse qu’elle a déclenchée avec sa décision de ne pas parler à la presse lors du tournoi. “Je pense maintenant que la meilleure chose pour le tournoi, les autres joueurs et mon bien-être est que je me retire afin que tout le monde puisse se concentrer à nouveau sur le tennis qui se déroule à Paris.”
Le post mentionné est celui qu’ Osaka a mis en ligne sur Instagram jeudi, expliquant qu’elle voulait éviter les médias à Roland-Garros pour sa santé mentale. “J’ai souvent eu l’impression que les gens n’ont aucune considération pour la santé mentale des athlètes et je le ressens chaque fois que je vois une conférence de presse ou que j’y participe”, a-t-elle écrit dans le post désormais supprimé. Elle y avait inclus deux exemples d’interviews montrant des athlètes se heurtant aux questions des journalistes et attirant l’attention sur le caractère injuste de l’obligation contractuelle de parler aux médias sous peine d’amende.
Osaka a développé son propre raisonnement pour esquiver les journalistes, qu’elle a dit être lié à l’anxiété sociale et aux “longues crises de dépression” qu’elle a connues depuis l’US Open 2018.
“Donc, ici à Paris, je me sentais déjà vulnérable et anxieuse, alors j’ai pensé qu’il valait mieux faire un exercice d’auto-soins et ne aller aux conférences de presse”, a-t-elle expliqué. “Je l’ai annoncé de manière préventive parce que j’ai effectivement l’impression que les règles sont assez dépassées par endroits et je voulais le souligner. J’ai écrit en privé au tournoi pour m’excuser et dire que je serais plus qu’heureuse de parler avec eux après le tournoi car les Slams sont intenses.”
Sur ce, Osaka, la numéro deux mondiale du tennis féminin, a annoncé qu’elle prendrait “un peu de temps loin du court”.
C’est une perte énorme. Pour plusieurs bonnes raisons. Punir les athlètes qui ne parlent pas à la presse est cruel et choquant, surtout lorsqu’ils refusent de le faire pour des raisons de santé mentale. Et ce sont souvent les athlètes racisés qui font face aux jugements et aux sanctions les plus sévères de la part des organisations sportives. On se souvient, en 2019, Serena Williams a été officieusement interdite de porter une combinaison noire qu’elle portait à Roland-Garros en 2018 et qui, selon elle, favorisait la circulation et la prévention des caillots sanguins. “Il faut respecter le jeu et le lieu”, avait alors déclaré Bernard Giudicelli, président de la Fédération française de tennis, à Tennis Magazine.
“La colère est un manque de compréhension”, a écrit Osaka dans un tweet dimanche, semblant faire référence aux réactions auquelles elle était confrontée. “Le changement met les gens mal à l’aise”. N’a-t-on plus le droit d’être timide ou de ne pas aimer parler à la presse sous pretexte qu’elle est le quatrième pouvoir?
(Source: Jezebel)
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