N.M.: A 20 ans, on se trouve moche, alors que gonflée d’hormones, la fraicheur du corps est d’une bouleversante beauté. Une femme ayant finalement refusé de poser pour moi m’a dit: “On ne peut pas lutter contre la jeunesse». Je ne pense pas qu’il faille lutter, la jeunesse est incontestablement d’une force féroce. Je veux juste montrer que la beauté d’une femme qui n’est plus jeune mais pas encore vieille, passe par autre chose. A 30 ans, on savoure de devenir une femme, une mère, on voie son corps changer avec la grossesse, ce qui importe c’est l’enfant à venir, serons-nous à la hauteur? Rentrerons-nous à nouveau dans nos jeans, nos seins plus lourds seront-ils encore aimables? A 40 ans, nous sommes complexées de toutes sortes d’imperfections et la vie nous apprend que la beauté se place ailleurs. Riche de se comprendre mieux, de commencer à se connaître, d’accepter ce que nous sommes. A 50 ans, débarrassées du regard de l’autre, nous sommes en plein dans l’espace de notre vie, du réel qui nous entoure, en connexion avec nous-mêmes, avec l’autre. Libre de nos émotions avec la conscience effrayante d’être dans la dernière ligne droite avant que le corps ne nous lâche. Nous ne pouvons échapper aux lois de la pesanteur. C’est un balancement constant, un équilibre à trouver entre force et fragilité.
A 20, 30, 40, 50 ans, la beauté est une histoire de compréhension, d’acceptation de soi. De son positionnement pour se regarder. De l’acceptation du regard de l’autre aussi, qui peut être à la fois, bienveillant ou négatif. Ce qui est beau pour soi, peut être moche pour l’autre, c’est l’éternelle histoire des goûts et des couleurs… Pour avancer, nous n’avons pas d’autre choix que d’être pleinement ce que nous sommes.
N.M.: Je suis un peu désespérée de la tournure que prennent les choses. Que des femmes si jeunes soient dans une telle détresse et ne pense qu’à la chirurgie esthétique. La peur de vieillir bien trop présente!! J’ai été très surprise lors de l’exposition de ce travail à Arles, par le nombre de jeunes femmes qui m’ont dit être angoissées à l’idée de la cinquantaine et à quel point mes photographies les libéraient d’un poids. Elles n’imaginaient même pas que cela puisse être possible!! BELLE, libre avec rien! Que des femmes mûres, en pleine possession d’elles-mêmes, refusent l’inéluctable et veulent redevenir des petites filles. Sexes rasés, vulves rétrécies, bouches gonflées, peau tirée à quatre épingles. Nous mourrons de plus en plus vieux et on nous montre de plus en plus jeune. Il y a là-dedans quelque chose de pathétique. La jeunesse est partout, la femme en photographie reste bloquée à un très jeune âge. Cela fait presque désordre de ne pas se faire d’acide hyaluronique! Je pense que nous manquons cruellement de «vraie» représentation féminine. Les jeunes femmes n’ont plus de modèles ou de référents. Leurs propres mères refusent de vieillir, elles se raccrochent à de fausses images. Les hommes quittent leurs mères pour des femmes de 20 de moins, pour vivre une seconde jeunesse. C’est terrible mais il n’y à pas tellement de place dans les médias pour la femme de cinquante ans, «La ménagère de cinquante ans» comme on aime à dire! Mais, on oublie qu’à cinquante ans, on peut être autre chose qu’une ménagère qui regarde les émissions culinaires à la télévision et ne pas prendre forcement 20 kgs parce que l’on est ménopausée. Oui, c’est possible d’être belle et désirable même si on est plus fécondable, d’être à fond dans son travail puisque les enfants pour la plupart ont quitté le nid, d’avoir encore de la curiosité et de l’émotion à découvrir des continents inconnus. D’être dans la vie avec ses doutes et ses faiblesses, mais ne pas en faire forcement tout un plat, avancer quoiqu’il arrive et rester vigilante aux surprises de la vie. Etre tout simplement vivante avec son époque. Mais ça, on ne le montre jamais, on en parle peu voire pas!! C’est encore tabou et nous avons du boulot pour que les choses changent. Lorsque les filles et les garçons réaliseront que la beauté peut être autre chose que des talons de 20 cm, des gros seins et des “chattes” rasées (pardon d’être aussi crue!) … cela nous fera des vacances. J’aime Ines de la Fressange qui dit: “Mieux vaut une bonne nuit d’amour qu’une injection de botox”.
N.M.: On perd de la fraîcheur, la peau est moins tonique, tendue, bandée, les hormones se font rares évidemment. Mais on gagne autrement… en subtilité!
N.M.: Beaucoup d’hommes ont été bouleversés, émus en voyant mes photos. J’ai eu l’impression que quelque chose dans leur coeur s’ouvrait un peu! Ils m’ont remercié aussi d’avoir osé.
Qu’en objectif élégant ces femmes-là sont exprimées!
Marina
Bravo à vous Nathalie
[…] Nathalie Mazéas: En corps… La vie ne s’arrête pas à 50 ans ! – Femmes au pluriel […]
Fantastic work Nathalie, I am 50 in April and learning to self-accept. Thank you… 🙂
Entièrement d’accord que la vie féminine ne s’arrête pas même à 60 ans. Les photos sont très belles mais quant à participer moi même à de telles photos, j’ai une certaine réticence
Beau! Merci☺️
Nathalie est une superbe photographe. J’ai eu à faire deux shooting avec elle et c’était superbe tant pour les séances que pour le résultat. Ce serait à refaire je l’appelle tout de suite.
Le “jeunisme”, le sexisme , le consummerisme , …
Le vivant est éternel : les désharmonies créées par les erreurs des hommes s’installent durablement par des “…ismes ” : des conceptualisations qui, en réalité, sont un non-sens en prétendant ” redéfinir ” …le vivant comme pour se l’approprier :
“Ce n’est pas dans les écrits des hommes qu’il faut chercher la vérité , mais au sein de la nature ” Jeanne Rousseau : L’Eau La Médiatrice
J’aurai 50 ans bientôt. Et c’est seulement maintenant que je comprends ce qu’est la vraie beauté, qui s’exprime quand on est pleinement soi même, sans artifice, et sans retenue. Et c’est vrai qu’il faut du temps pour se débarrasser des dictats de plus en plus oppressants de la société.
Ce que Nathalie dit à propus des femmes de 50 ans est tout à fait vrai je viens d’avoir 51 ans et je e me suis jamais sentie aussi bien dans ma peu que maintenant …..
Nous mourrons de plus en plus vieux et on nous montre de plus en plus jeune. Il y a là-dedans quelque chose de pathétique. La jeunesse est partout, la femme en photographie reste bloquée à un très jeune âge. Cela fait presque désordre de ne pas se faire d’acide hyaluronique! Je pense que nous manquons cruellement de «vraie» représentation féminine. Les jeunes femmes n’ont plus de modèles ou de référents. Leurs propres mères refusent de vieillir, elles se raccrochent à de fausses images. Tellement d’accord avec cela. Il est urgent de vivre le temps de nos âges. Toute l’humanité y est caché.
Merci Nathalie pour cette étude, ces clichés et cet engagement.
J’aime beaucoup le travail de Nathalie, elle exprime sans artifice la beauté que nous portons tous en nous. Pour avoir vu le livre, c’est un superbe cadeau à offrir ou s’offrir pour les fêtes.