On ne peut aider quelqu’un qui ne veut pas s’aider lui-même …
Nous avons tous déjà entendu cette phrase. Peut-être même nous vient un visage ami ou aimé qui représente pour nous cet adage, qui en est la parfaite illustration. Ou encore sommes-nous même cette personne à laquelle les autres désespèrent de venir en secours efficacement tellement nous freinons des 4 fers !
Ce qui est bien, dans la vie, c’est qu’on évolue. La vie n’est pas statique. Et quand on accepte de grandir, intellectuellement, mais encore plus émotionnellement, on peut, à certains stades de nos existences, nous retourner et mesurer notre évolution. Voir et comprendre la distance de notre moi d’aujourd’hui avec cette personne qu’on était, parfois malheureuse, parfois contrainte, ou encore désabusée, désespérée ou découragée.
J’ai rencontré récemment une amie que j’avais beaucoup fréquenté à une époque. Elle était dans une relation toxique, psychologiquement abusée par son compagnon et au bord de la dépression. Révoltée par le traitement qu’il lui faisait subir et dont elle soupçonnait la profondeur sans se l’avouer clairement, je me suis rangée de son côté. Je me sentais blessée quand elle l’était, ma révolte était à la hauteur de la sienne quand surgissait ce sentiment-là. La seule sensation que je ne partageais pas avec elle était le découragement. Au contraire ! Quand cette émotion l’affleurait, mes forces à moi se décuplaient et je fomentais pour elle, des coups d’état amoureux ou des révoltes quasi bibliques avec moult stratégies.
Mon attitude, semblait-il lui faisait du bien ; Satisfaite, j’étais persuadée que mon secours (parfois imposé), ravivait sa flamme de vie et renouvelait son droit à la poursuite du bonheur. Et puis, à un moment, c’est de moi que, finalement la lassitude s’empara. Après nos discussions animées au cours desquelles elle acquiesçait à toutes mes analyses, toujours elle s’en retournait vers son bourreau, lui trouvant 1000 excuses et renouvelant sa condamnation personnelle à elle, de subir à jamais les foudres du Monsieur, et la liberté conditionnelle de son compagnon qui n’avait de conditionnelle que le nom. Il foulait au pied toute menace de séparation, se savait intouchable et quasi indispensable à sa belle.
J’ai donc, moi, petit à petit pris de la distance. Qui étais-je, me disais-je pour imposer ma notion du bien-être à quelqu’un qui en avait peut-être une autre conception ? Mon regard extérieur de leur relation de couple différait probablement du vécu intérieur qu’elle en avait. L’unique compliment mensuel qu’elle recevait noyée au milieu de dizaines de brimades suffisait peut-être à faire rejaillir la lumière au milieu de son mental obscurci. Et puis, me dis-je, après quelques temps, quelle prétention de vouloir jouer au sauveur ! Je n’en n’avais peut-être pas les compétences !
La distance géographique entre eux et moi me facilita la tâche : Petit à petit j’abandonnai ma mission !
Et puis, récemment, je l’ai revue ! Toujours égale à elle-même ! Même plutôt joyeuse, pimpante ! Elle vivait toujours avec le même homme et semblait avoir trouvé son équilibre dans ce déséquilibre relationnel. Elle avait totalement renoncé à être mieux traitée, à exiger le respect. Toutes ces notions semblaient désuètes, comparées au statut de femme mariée. Car oui, elle était passée du statut de compagne à celui d’épouse.
L’observer, dans ses renoncements et dans son adaptation aux critères du Monsieur fit remonter en moi cette pensée : Nous ne recevons jamais plus que ce que nous sommes prêts à accepter ! C’est peut-être un message dur à entendre, mais c’est la réalité !
Comment apprécier sa vie si on n’en n’est pas entièrement responsable ? A l’époque, je trouvais 1000 excuses à mon amie qui n’était que victime, et subissait. Aujourd’hui, je suis plus nuancée. J’aime bien l’expression « Trouver chaussure à son pied », parce qu’elle est très parlante. Lequel ou laquelle d’entre nous accepterait de porter, tous les jours des chaussures taille 36 oranges fluo avec un nœud vert si son goût naturel le porte vers la sobriété du noir et que sa pointure est du 38 ? Personne ! Et pourtant, c’est ce que nous faisons lorsque nous nous contentons de relations bancales, d’un travail que nous abhorrons ou autres. Il n’est pas forcément facile de fixer ses standards, mais certains n’essaient même pas et subissent toute une vie les standards et règles des autres.
Quelle tristesse. Nous avons le droit d’augmenter nos normes et exigences. Cela veut juste dire que nous connaissons notre valeur. Si tel n’est pas le cas, les autres fixeront pour nous notre valeur, et leur évaluation peut aller jusqu’à nous détruire. Prenons-en acte !