Quelle audace !
Hummmm, l’audace
Ce qui est bien avec la rédaction de billets d’humeurs, c’est que le seul impératif est, finalement, d’identifier son humeur du moment ! Cette semaine, ce fut extrêmement simple. Je n’eus qu’un seul mot dans le viseur : l’audace.
Le point de départ en fut un constat. Etant amenée à rencontrer de nombreux nouveaux arrivants sur l’île, et de nature curieuse et bavarde (romancière oblige), c’est avec délectation que j’entreprends avec eux, des conversations quand à leurs motivations sur le choix de la Guadeloupe, leur région d’origine, leurs différentes pérégrinations à travers le monde, leurs parcours de vie …etc…Ce sont des échanges tout à la fois passionnants et enrichissants et, de plus en plus, l’audace de nombre d’entre eux m’impose le respect.
Il n’est plus rare pour moi, aujourd’hui de rencontrer des jeunes de moins de 25 ans qui, en toute décontraction, me racontent leur tour du monde. Ce qui, pour ma génération, la génération X, c’est-à-dire celle née entre 1965 et 1980 relevait du rêve ou, pire, du fantasme, semble être, pour les générations Y ou Z, un gentil parcours de santé .
Allez, hop ! Un petit tour du monde pour une mise en jambe, avant d’aller sauver les koalas en Australie ou les baleines au Canada.
Le point commun à ces jeunes ? L’audace !
Celle d’affronter l’inconnu, avant d’en faire un allié, l’audace de changer de vie, de travail, de carrière, d’orientation.
Cette audace, en voici, selon mon observation, les contours :
- D’abord, l’action ! Je dirais même plus : la rapidité dans l’action ; Le lien entre le rêve et la réalité, c’est l’action : Et, contrairement aux générations précédentes, celles des doux rêveurs, ces jeunes mutants ont le rêve dynamique. Parce qu’ils n’ont pas connu beaucoup de frontières géographiques physiques, ils semblent avoir de même, supprimé les barrières mentales. Ils ont une conscience des possibles qui nous était totalement inaccessible. La fulgurance de leur pensée et sa mise en application quasi instantanée leur offre une autre notion du temps.
- D’autre part, La possibilité d’un échec n’est en rien une perspective traumatisante à leurs yeux. Tout au plus, une expérience de vie. Ce détachement face à ce qui nous semblait, nous, totalement rédhibitoire, leur ouvre les portes de l’infini. En effet, pourquoi se limiter lorsque le pire n’est qu’une éventualité parmi d’autres, et non la fin d’un rêve ?
- De la même manière, ils choisissent volontiers l’inconfort. Dans leur monde, rien n’est certain, rien n’est immuable, rien n’est définitif. A partir de là, pourquoi s’accrocher à quelque chose qui, de fait, est amené à évoluer ? Ils musèlent ainsi le sentiment de peur ; Celui-là même qui vous pousse à rester dans votre zone de confort, loin, très loin de de l’espace de génie en vous.
Leur seul attachement reste celui de la liberté de choix.
- Ils osent demander, ils n’ont pas peur d’expérimenter, questionnent sans honte, avides de nouveauté, et pour cela, il faut de l’audace. Beaucoup d’audace.
Vous l’aurez compris, je suis souvent en admiration devant eux car leur cri de ralliement pourrait être « A la recherche du bonheur », mais un bonheur moins égoïste, inclusif de leur prochain.
Malgré tout, il me vient de plus en plus, une question que je finirai par leur poser : Une fois le monde parcouru dans ses moindres recoins et les baleines sauvées à l’autre bout du monde, l’audace ne serait-elle pas de rentrer chez soi, dans ce giron qui vous a vu naître et qui, lui aussi, a besoin de vos soins ?
Je vis en Guadeloupe, un département qui, comme la Martinique voit sa population vieillir du fait du départ des jeunes vers diverses métropoles, et, je l’avoue, ceux que je félicite avec la plus grande vigueur ces jours-ci, sont les jeunes qui reviennent. Qui ont compris que là réside l’audace : Faire le choix conscient de rentrer donner un second souffle à leur pays natal car, une chose est sûre, immuable, définitive celle-là : La nature a horreur du vide. D’autres l’ont bien compris, qui débarquent, nombreux sur l’île s’y faire une place au soleil…et y parviennent !
Je suis Africaine et, si le risque de vieillissement de la population est moins présent là-bas, il n’en reste pas moins que le phénomène est le même : Européens, Asiatiques et autres trouvent de plus en plus un intérêt certain non pas à visiter et y laisser des devises, mais à s’y installer et exporter l’argent, fruit de leur travail et de celui des populations locales.
Alors, jeunes natifs de Guadeloupe, de l’audace ! Votre île a besoin de vous !
Et, jeunes d’Afrique, c’est tout un continent qu’il serait audacieux d’explorer.
Alors, à quand, ces cachets sur votre passeport ?