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COVID-19 – Les femmes et les « masques de la beauté »

La postérité aura retenu que la pandémie du coronavirus avait fini d’imposer au monde entier un accessoire qui était réservé aux médecins, fêtards et autres travailleurs qui côtoient des produits dangereux pour le système respiratoire. Le masque de protection contre le virus du SARS-CoV-2 exigé dans plusieurs villes gène inéluctablement les belles qui ont envie d’étaler leur beauté. Sous la menace d’une contravention, elles sont obligées de le rendre fashion, ou de le porter de façon peu correcte.  

Une mesure barrière contestée 

@ingrid.catharina

Il est vrai qu’une étude menée par des chercheurs de l’Université Middlesex (Royaume-Uni) et de l’université Berkeley (Etats-Unis) a montré que les hommes sont moins susceptibles que les femmes de porter un masque. Mais cela ne veut pas dire que les femmes sont d’excellentes élèves dans cette pratique. Désormais, il est devenu un accessoire unisexe. Le masque chirurgical, le masque filtrant FFP2, le masque en tissu fait maison… meublent les visages. Face à cette situation imposée par le coronavirus, les populations sont obligées de « vivre avec le virus », ce qui veut dire un changement de comportement à intégrer obligatoirement pour lutter contre l’ennemi du monde entier. Habituées au maquillage soigneusement fait, mis en valeur par un sourire aguichant, certaines se désolent de se retrouver le visage bariolé pour des raisons sanitaires. Alors qu’elles ont tous les atouts pour séduire tout sur leur passage, elles se retrouvent avec seuls les  yeux et une partie du front parfois cachée par la chevelure. 

Face au diktat de cet être infinitésimal, la chemise cintrée, le bustier ou leggins bien ajustés à la forme sont noyés par la mode « ninja » qui ne permet pas de voir les traits du visage. Mais le constat est patent, les premiers jours qui suivent l’arrêté d’interdiction, le respect de la loi est presque total.  Toutefois, quelques jours plus tard, on évoque un relâchement. Pour différentes raisons, ce cache bouche dérange. L’image de cette femme brandissant une pancarte où l’on peut lire “My body, my choice” (“mon corps, mon choix”) et le dessin d’un masque barré en rouge, lors d’une manifestation le 18 avril dernier à Austin, au Texas avait montré que certains voient ce masque comme une atteinte aux libertés individuelles. Et depuis lors, les manifestations se multiplient aux Etats unis, au Canada et un peu partout en Europe.

A la différence de ces pays occidentaux, à Dakar, on n’ose pas manifester mais certaines le portent de façon peu correcte à l’instar de cette jeune comptable : « Non seulement avec mes lunettes j’ai tous les problèmes avec l’air expiré mais aussi, il me gêne c’est pour cela que  je ne le porte correctement que lorsque je vois un policier », avance-t-elle. Trouvée à l’arrêt du bus, Nabou ne porte pas de masque et s’explique « Le masque est dans mon sac j’attends d’entrer dans le bus pour le porter parce qu’à vrai dire ça cache mon visage et je n’aime pas »

@ingrid.catharina

Un accessoire de beauté 

Au-delà des contestations, les conformistes exploitent ce masque afin qu’il devienne un accessoire de beauté. Avec une coupe stylée et des motifs ou design qui font que l’aspect esthétique prend le dessus sur sa fonction première, à savoir la protection. Assorti à la tenue, il anime tant soit peu cette partie du visage. A la différence des masques chirurgicaux et autres, ceux en tissu fait maison avec la couleur de son choix trouvent leur place dans la garde-robe parce que réutilisable. « Etant donné qu’on est obligé de vivre avec, on doit le rendre beau » a balancé Dieynaba, masque aux couleurs arc-en-ciel bien porté. 

Dans certains endroits, le port correct du masque fait défaut. Il y a celles qui pensent que sa place c’est sous le menton. Une façon de faire semblant de respecter cette mesure barrière, mais aussi de libérer les mouvements labiaux qui produisent le sourire. 

Bien qu’il soit accepté sans rouspéter par certains, cet accessoire importune pour l’écrasante majorité. Cela se voit quand les forces de l’ordre desserrent un peu le contrôle, on constate un relâchement total pour ne pas dire un abandon.  

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