JTEX 2016: entre Mode et nouvelles technologies
Initiées en 2007 par Rabiatou Badirou, fondatrice de la marque “la Perle Noire“, les Journées du Textile (JTEX) se sont tenues, pour la 5ème fois à Cotonou (Bénin), du 14 au 17 janvier derniers.
“Mode développement et nouvelles technologies” était le thème choisi pour cette très attendue édition 2016. Conférence de presse, débats et tables rondes ont permis d’identifier les moyens de permettre aux jeunes créateurs de vivre de leur savoir-faire tout en utilisant au mieux les avantages et la visibilité que permettent les nouvelles technologies.
Au sortir de ces rencontres, de nombreuses idées ont été avancées: par exemple, la possibilité pour les créateurs béninois de se regrouper pour avancer ensemble, mais également pour transmettre leurs expériences et connaissances en créant un centre de formation aux métiers de la mode.
Parrainé par le doyen des créateurs africains, l’Ivoirien d’origine burkinabè, Pathé Ouédraogo (Pathé’O), la soirée des JTEX s’est déroulée en deux parties.
La première, dédiée au concours des jeunes créateurs, a permis à trois créatrices en herbe de se distinguer. Elles ont eu l’occasion, devant un large public, de montrer leur talent à travers trois passages (tenue de ville, traditionnelle et de soirée) et en utilisant les mêmes tissus. La seconde partie de la soirée a été longue mais somptueuse, avec le grand défilé d’une quinzaine de créateurs africains. Ponctuée par des prestations artistiques de qualité (Stony, Madou, Zénab, etc.), les collections présentées étaient originales, chatoyantes, faites de textiles riches et festifs. Elles ont tenu toutes leurs promesses et su séduire un public béninois réputé difficile et des invités prestigieux.
Rabiatou Badirou, promotrice des JTEX, répond à nos questions.
- 15 stylistes internationaux et béninois
- 10 journalistes (presse internationale)
- 50 journalistes (presse locale)
- 4 artistes de la chanson béninoise et internationale.
- 50 mannequins internationaux et béninois.
- Soirée JTEX 2016: 1000 personnes
Vous venez de clore la 5ème édition des JTEX. Quel bilan faites-vous et quelles sont vos impressions?
Nous ferons le bilan avec le comité d’organisation, les partenaires et les médias. Pour l’heure, ma réelle satisfaction vient du Concours des jeunes créateurs. Nous avons pu donner à ces espoirs de la créativité béninoise l’opportunité de montrer ce qu’ils savent faire. Nous promettons, en plus du prix qui leur a été donné à chacun (ndlr: 300 000 FCFA/ 200 000FCFA et 100 000 FCFA), de les suivre pendant un an, afin qu’ils puissent mieux s’organiser dans leur travail.
Il y a donc un suivi après l'évènement?
Absolument! D’ailleurs, vous avez vu que deux jeunes qui ont été primés lors du concours précédent des JTEX 2013, ont défilé cette année, au même titre que les grands créateurs du continent. Cela signifie qu’aujourd’hui ils arrivent à s’imposer comme créateurs à part entière. Il était important de les aider à avoir de la visibilité, à mieux créer et à mieux identifier leur clientèle. L’idée étant de leur permettre de vivre de leur métier, d’être épanouis.
Vous auriez pu continuer à vivre tranquillement en dirigeant votre boutique de textiles et d'habillement "La perle noire". Pourquoi avoir choisi d'initier un tel événement dans un pays où il est parfois difficile d'organiser des événements de grande envergure?
C’est le goût du partage, de l’amitié, du travail bien fait et de l’effort que ma mère m’a légué. C’est vrai que j’aurais pu rester tranquille, mais comme disent les Anglais, “it keeps me going“. J’ai besoin de ce challenge pour trouver ma place dans la société. Je voudrais donner un peu de mon expérience aux plus jeunes pour leur offrir un meilleur avenir professionnel. Nous n’avons pas le choix, nous devons donner aux jeunes un peu de ce que l’on a reçu. Et c’est grâce au textile que je peux tendre la main et aider à mon tour. Je suis, depuis quinze ans, la marraine d’un centre artisanal, dirigé par Mme Kossou Victorine, à Abomey qui initie de jeunes orphelins aux métiers du bois et du tissage. A chaque édition des JTEX, nous leur rendons hommage et reversons une partie des recettes au centre de formation.
Quel est votre prochain challenge?
Préparer les Jtex 2018, mettre sur pied avec les créateurs béninois un comité pour suivre ce que font les jeunes créateurs et créer un centre de formation car le besoin est là. Ils ont des idées, du talent et de l’inspiration, mais il leur faut être plus structurés et avoir une meilleure visibilité.
Pourquoi avoir choisi ce thème, qui est, évidemment, d'actualité?
Toute la journée, nous sommes connectés grâce aux nouvelles technologies. Cela n’échappe à aucun corps de métier car on ne peut rien faire aujourd’hui sans internet par exemple. Un créateur peut fabriquer un modèle et le mettre sur internet de sorte qu’il sera vu par des milliers de clients potentiels. Et peut-être qu’il aura des commandes par la suite.
Entre nous, quel est votre coup de coeur de la soirée des JTEX 2016?
Mon coup de cœur ce sont les drapés de “La perle noire”: j’y tiens! Je suis née avec une étoffe de tissu dans les mains. Je rends hommage à ma mère Laoulatou Alli née Yaya Oyé qui, à 93 ans, possède toujours ses stands de tissus au marché international de Dantokpa. Elle a l’habitude de demander, chaque soir à son personnel, le tissu qui a le plus plu au marché. J’ai cela dans la peau. Mon coup de coeur va donc aux drapés. Et aussi à la collection que je dirige avec l’aide de certains créateurs.
Nous sommes au début de l'année 2016. Que peut-on vous souhaiter?
La santé et la joie de vivre sans lesquelles, rien n’est possible.
Les stylistes des JTEX 2016 (Par ordre d'apparition)
1)Yak Lay
2)Laurence Création
3) Sonia Damala ( Sonia Cothes)
4) Sessi Edi
5) Sémiliko
6) Koro DK Style
7) Olowou
8) Collé Sow Ardo
9) Les jumelles de Brazza
10) Patrick Assente
11) Momoché
12) Ali Koné
13) Chris de Mens
14) Isi Atagamen
15) Fadi Maïga
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